Libération a choisi de donner régulièrement la parole aux habitants d'Alep. Aujourd'hui, Abou Taym al-Halabi, 22 ans, photoreporter.
«Je travaille pour plusieurs agences de presse locales et je n’ai pas arrêté ces derniers temps. Dès qu’il y a un bombardement, j’enfourche ma mobylette et je me précipite sur les lieux. Je prends en photo et en vidéo les destructions et accompagne les secours. La semaine dernière, j’ai passé plusieurs heures dans le quartier de Katerji, où un bombardement terrible a fait 28 morts. Pendant que je tournais les images des femmes et des enfants coincés sous les décombres, je ne pouvais m’empêcher de penser à ma femme, qui était sur le point d’accoucher.
«Deux jours après, à la maison, j’ai vu mon superbe bébé entier et en bonne santé dans les bras de sa mère. Avant de les embrasser tous les deux, j’ai sorti machinalement mon appareil et pris les premières photos. Là encore, j’ai imaginé retrouver un jour mon nouveau-né sous les décombres Taym, en train d’être extrait de sous les pierres après un bombardement. J’ai vite chassé l’image de ma tête en remettant mon sort à Dieu.»