Garder Raqqa dans le viseur avant et pendant la bataille de Mossoul apparaît bien comme une obsession française. Depuis le lancement de l’offensive pour libérer la deuxième ville d’Irak de l’Etat islamique, le gouvernement maintient la pression sur ses partenaires pour qu’ils prennent en compte le sort de la capitale syrienne de l’EI.
Réunis hier à Paris, les ministres de la Défense de 13 pays occidentaux participant à la coalition internationale contre l'Etat islamique ont entendu la priorité de la bouche de François Hollande. «Il faut fixer les étapes des prochaines opérations», et particulièrement la reprise de Raqqa, a affirmé le chef de l'Etat, à l'ouverture de cette première réunion d'étape sur l'offensive contre Mossoul. Il a par ailleurs appelé à la «vigilance face au retour des combattants étrangers» de l'EI dans leurs pays d'origine, ou face à ceux qui seraient tentés de se replier en Syrie.
On peut aisément comprendre l’importance particulière prêtée par la France à la reprise de Raqqa. C’est là que se trouvent les donneurs d’ordre des attentats qui ont ensanglanté notre pays. Il y aurait aujourd’hui quelque 300 jihadistes français dans la ville selon les estimations, et 300 autres à Mossoul. La crainte que Raqqa ne se transforme en grande poubelle pour jihadistes errant ou fuyant puis de base pour des retours incontrôlés vers l’Europe est bien présente. Mais cette préoccupation française s’accompagne d’une méfiance à l’égard des intentions des partenaires de la coalition anti-EI, Américains en particulier. Le risque envisagé est que le président Obama sur le départ ne se contente, sinon d’une reprise, du moins d’une avancée décisive sur Mossoul pour stopper les opérations.
L'insistance française semble avoir porté ses premiers fruits à l'issue de la réunion d'hier. Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui coprésidait la réunion ministérielle au côté de Jean-Yves Le Drian, a affirmé que les opérations pour «isoler» Raqqa avaient déjà commencé. Il a ajouté que la campagne pour la libération du bastion syrien n'attendrait pas la fin de la libération de Mossoul.