Chaque jour jusqu'au 8 novembre, Libé.fr sollicite le regard d'un acteur de la société américaine.
Fawzia Mirza est comédienne, écrivaine et productrice à Chicago, dans l'Illinois. Née au Canada et d'origine pakistanaise, elle explore dans son travail son identité de femme, lesbienne, musulmane et multiculturelle. En octobre, elle a réalisé une performance appelée Combattre l'islamophobie, un burkini à la fois à Expo Chicago, l'événement annuel artistique le plus important de la ville.
Pourquoi cette œuvre ?
J’ai voulu montrer le climat politique négatif qui pèse sur l’islam aux Etats-Unis, et que l’interdiction du mode vestimentaire musulman dans d’autres pays n’est pas normale. Pourquoi ce sont uniquement les habits et le corps des femmes qui sont régulés ? Pourquoi ne pourraient-elles pas porter de burkini ? Vous pensez qu’on se sent libérée quand on est en bikini ? Quand je vais à la plage, je dois me raser, je fais attention aux personnes qui fixent mes cuisses, j’apporte un rasoir au cas où mon épilation n’est pas parfaite. Je suis tout le temps nerveuse. Mon but avec cette exposition était de montrer que se faire une idée sur quelqu’un uniquement en fonction de ses habits n’a aucun sens. C’est seulement du tissu… Le comique est un moyen de créer un espace pour le débat. Le rire nous connecte et nous permet de nous voir différemment.
Cette année, vous avez réalisé un documentaire parodique sur Trump…
Après les propos racistes de Donald Trump en décembre contre les musulmans, je ne pouvais plus l'encadrer… Alors j'ai cherché à créer un personnage qu'il ne pourrait jamais supporter. Ayesha Ali Trump, sa fille musulmane illégitime. C'est terrifiant qu'un homme qui véhicule des discours haineux et qui a normalisé le racisme puisse représenter notre pays. Et terrible que certains de ses plus grands soutiens soient des gens qui ont tout perdu et n'ont personne vers qui se tourner… Il est le leader des désespérés de la pire manière possible : il ne s'intéresse pas à eux. C'est juste un énième jeu ou spectacle de télé-réalité. Photo DR