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Libération
La vie à Alep

«Tout se passe au-dessus de nos têtes : les rebelles tirent vers nous, le régime tire à partir de chez nous»

Alepdossier
«Libération» a choisi de donner régulièrement la parole aux habitants de la ville syrienne. Ils racontent leur quotidien dans un pays enlisé dans une guerre sans fin. Aujourd'hui, Abou Youssef, père de famille à Alep-Ouest, la zone sous contrôle du régime de Bachar al-Assad.
Sur la ligne de front à Alep, qui sépare la partie tenue par les rebelles et celle par le régime, le 30 septembre. (Photo Georges Ourfalian. AFP)
publié le 27 octobre 2016 à 17h26

«Hier, plusieurs obus sont encore tombés sur notre quartier de Hamdanyeh [un quartier dans l'ouest d'Alep, contrôlé par le régime, ndlr]. L'un d'entre eux a touché une maison voisine tuant deux jeunes frère et sœur. Comme on est sur la ligne de front avec les quartiers encerclés d'Alep-Est, on se trouve pris entre deux feux. Les rebelles tirent vers nous tandis que les forces du gouvernement tirent à partir de chez nous. Tout se passe au-dessus nos têtes. Avec ma femme et nos trois enfants, on descend s'abriter chez nos voisins du rez-de-chaussée de notre immeuble quand les canons tirent.

«On aurait bien la possibilité d'aller chez des amis loin de la ligne de front. Mais il n'est pas question d'abandonner notre appartement aux pilleurs. Il y a une dizaine de jours, plusieurs de nos voisins partis s'abriter au loin sont revenus : ils ont trouvé leurs appartements "déménagés". Dès qu'ils voient une maison vide, les chabihas [sbires du régime syrien] du quartier se pointent avec leur 4X4 ou leur camionnette et embarquent télévision, ordinateur, meubles et même les jouets d'enfant.»