L'opposition avait baptisé son action de mercredi «la prise du Venezuela». Son pari a été tenu : des centaines de milliers de personnes ont défilé à travers le pays contre le président socialiste, Nicolas Maduro. Et la tension pourrait encore monter avec un appel à la grève générale vendredi. Au cours des rassemblements, 120 personnes ont été blessées, certaines par balles, et 147 autres arrêtées, a dénoncé Henrique Capriles, une des figures de proue de la MUD (Table pour l'unité démocratique), coalition d'opposition qui rassemble la droite libérale et la gauche modérée. Le bilan annoncé par le pouvoir se limite à un policier tué et deux autres blessés.
Le mouvement de mercredi a obligé de nombreux commerces et sept stations de métro de Caracas à fermer. Dans un pays en plein chaos économique sous l’effet de la chute des cours du pétrole, les défilés avaient été convoqués en réponse à la suspension par le Conseil national électoral (CNE) du processus de référendum révocatoire en vue du départ du président Maduro ; processus qui aurait justement dû entrer mercredi dans sa dernière ligne droite, avec un ultime recueil de signatures.
Loin de s'arrêter aux manifestations, l'opposition a appelé à une grève générale de douze heures vendredi : « Tout le monde reste chez soi», a lancé le secrétaire général de la MUD devant la foule à Caracas.
Via son numéro 2, le véhément Diosdado Cabello, le régime chaviste, du nom du défunt président Hugo Chavez (1999-2013), a riposté en affirmant que les entreprises qui répondront à cet appel seront occupées «par les travailleurs et les forces armées». «Nous ne laisserons pas s'installer le chahut et nous verrons, messieurs les patrons, si vous allez vous mettre en grève ou si vous allez décider de travailler avec le gouvernement, pour la patrie», a martelé Diosdado Cabello.
Jeudi, le Président a annoncé une hausse de 40 % du salaire minimum, qui passerait à 200 dollars (au taux de change du marché noir). Il avait déjà augmenté de 50 % en septembre. Ces mesures s’expliquent par l’hyperinflation que subissent les Vénézuéliens : les prix devraient grimper de 475 % en 2016.