Dans les colonnes du quotidien espagnol El País, influent en Amérique latine, le directeur régional de l'ONG Human Rights Watch (HRW) lance un cri d'alarme. «En deux ans, la pénurie de médicaments et de produits de première nécessité est devenue quasi totale», écrit José Miguel Vivanco.
Rien ne paraît pouvoir sauver du chaos ce pays de 31 millions d’habitants, où l’inflation devrait culminer à 475 % cette année. Hugo Chávez, mort en 2013 après quatorze ans au pouvoir, n’avait pas anticipé ce scénario catastrophe. La manne pétrolière lui a permis de juxtaposer un modèle socialiste - redistributeur d’une partie des richesses - et une économie capitaliste qui importait presque tout ce que le Venezuela consommait. La chute des cours du brut a déréglé l’équation, les produits étrangers sont devenus hors de prix et le mécontentement a permis à l’opposition de devenir majoritaire au Parlement. Mais le dauphin de Chávez, Nicolás Maduro, plutôt que de chercher à résorber les pénuries, a préféré déclarer la guerre à la MUD, la coalition antichaviste.
Non sans succès : une partie des leaders antichavistes sont en prison, les lois votées par les députés sont invalidées par le Tribunal suprême, et la voie constitutionnelle du référendum pour révoquer Maduro est paralysée. Ne reste à l’opposition qu’un moyen d’expression : les mobilisations de rue, comme celles de mercredi. La grève générale a bien été tentée vendredi, mais elle semblait avoir tourné au fiasco à la mi-journée (au moment de notre bouclage).
HRW alerte sur les taux de mortalité maternelle et infantile à la hausse, sur la malnutrition qui s’installe. Au-delà de l’affrontement idéologique, c’est bien d’urgence humanitaire qu’il faut parler aujourd’hui pour le peuple vénézuélien.