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Libération

Après deux ans sans président, le Liban devrait élire le général Aoun

publié le 30 octobre 2016 à 21h31

«Ce sera un lundi saint.» C'est ainsi que le patriarche maronite libanais a qualifié cette journée qui doit voir le Liban se doter d'un président de la République. Le poste, vacant depuis mai 2014, sera, sauf coup de théâtre, occupé par le général Michel Aoun, 81 ans, candidat désormais consensuel qui se présente au vote des députés.

Le déblocage de la crise politico-institutionnelle est survenu à la faveur d’une volte-face dont le Liban a le secret. L’ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri, chef de file de la coalition dite du 14 Mars, a déclaré son soutien au candidat préféré de la coalition rivale du 8 Mars dominée par le Hezbollah. Celui-ci bloquait l’élection d’un président autre que son allié chrétien maronite, le général Aoun, en empêchant ses députés de se rendre au Parlement pour assurer le quorum des deux tiers nécessaire au vote. En échange, Hariri ou l’un de ses proches devrait être désigné Premier ministre par le nouveau président élu.

Le bras de fer entre les deux grands pôles adverses se termine quasiment par une victoire au forfait à l'avantage du camp appuyé par l'Iran. Car derrière les regroupements politico-confessionnels libanais, on retrouve les deux puissances moyen-orientales qui s'affrontent dans la région : l'Arabie Saoudite sunnite et l'Iran chiite. C'est le «lâchage de Riyad», selon les mots des éditorialistes libanais, qui explique le renoncement du fils de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005.

L’élection marque ainsi l’aboutissement d’une longue route pour le général Aoun, ancien commandant de l’armée libanaise, qui avait surgi sur la scène politique à la fin de la guerre civile (1975-1990) en présidant un gouvernement militaire provisoire, avant d’être forcé à l’exil à Paris jusqu’en 2005. Le général octogénaire s’apprête à devenir le président le plus âgé jamais élu au Liban.