Ex-consultant politique, Doug Haaland, 64 ans, a notamment aidé le Parti républicain, de 1985 à 2014, à développer leur stratégie électorale en Californie, un Etat où les deux chambres du corps législatif sont dominées, à une exception près, par les démocrates depuis 1959.
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Comment mener une campagne électorale et faire passer des lois quand on est républicain dans un état démocrate comme la Californie ?
Les démocrates prennent ici très au sérieux leur position majoritaire. Même dans les petits comités, les républicains se retrouvent toujours dans un position désavantageuse. Impossible d’être élu sans attirer des électeurs démocrates et indépendants. Cette année, nous devons nous concentrer sur les élections locales.
Quelle principale leçon tirez-vous de votre expérience de conseiller politique ?
Mener une campagne est une entreprise personnelle. Un homme politique a un jour dit : «La politique est toujours locale.» C'est vrai : quand on fait d'une question générale un enjeu local, les électeurs sont plus attentifs. J'avais un taux de réussite, comme conseiller, d'environ 86%. J'appelle cela l'effet «vu de la fenêtre du salon». Les gens regardent par la fenêtre devant chez eux : si la lumière du réverbère fonctionne, s'il n'y a pas de trous dans la route, et que la paye à la fin du mois est bonne, ils estiment en général tout va bien. On commence à gagner les cœurs et les esprits des électeurs quand on rend les grandes questions plus personnelles.
Donald Trump risque-t-il de nuire au Parti républicain à long terme ?
Je dirais non. Le parti a déjà frôlé la mort plusieurs fois. Il y aura peut-être une baisse de popularité, mais le problème avec les troisièmes partis comme les Libertariens, les Indépendants ou les Verts, c’est qu’ils se concentrent sur un seul sujet. Il existe maintenant un nombre croissant d’électeurs qui ne se déclarent pas pour un parti politique spécifique et sont incorrectement classés comme des indépendants. Dans cette élection, certaines personnes sont si dégoûtées par les deux principaux candidats qu’elles ne veulent soutenir aucun parti. Mais dans deux, quatre ou six ans, beaucoup de gens reviendront vers les deux principaux partis.
Pourquoi les cols bleus s’identifient-ils à Trump alors que sa trajectoire de vie est totalement contraire à la leur ?
On a vu un phénomène semblable pendant la première présidence de Nixon. On les appelait déjà «la majorité silencieuse». Ils incarnaient ceux qui en avaient marre des hippies et des activistes pacifistes qui s'opposaient aux pauvres jeunes envoyés faire la guerre contre les communistes. Richard Nixon s'est battu en 1968 pour ces gens et qui préconisaient l'ordre et la loi avant tout. Il a écrasé Hubert Humphrey [avec 43,4% contre 42,7% pour le vice-président sortant, 13,5% pour l'indépendent George Wallace, ndlr]. Trump parle de ce dont les gens discutent au dîner. Ces gens qui disent : «Il est privilégié, mais il me comprend.»