Menu
Libération
EDITORIAL

Traces

(Photo Harrison Eastwood . Getty Images)
Publié le 01/11/2016 à 19h51

Rarement depuis la fin de la guerre froide, l’issue d’une élection présidentielle américaine n’a autant été scrutée et redoutée. Rarement la compétition entre les deux candidats démocrate et républicain n’a autant débordé du sol américain. Rarement une fin de campagne - qu’on pensait pliée - n’a été aussi dingue en révélations crapoteuses et rocambolesques. Rarement une élection, dont les enjeux débordent largement du simple choix entre deux personnalités, n’a été le théâtre d’aussi étonnantes opérations de déstabilisation. On le sait aujourd’hui, il est fort probable qu’une partie des ficelles soient tirées depuis la Russie. Mais le but inavouable de Moscou est moins de faire élire Donald Trump que de braquer les projecteurs sur les coulisses peu reluisantes de la superpuissance américaine. Montrer au grand jour que les pratiques des Etats-Unis ne sont guère plus propres que celles du camp russe pourrait encore aggraver la défiance du peuple américain envers ses institutions. Nous n’en sommes pas encore là : tout indique que les électeurs américains seront peut-être plus nombreux à voter à la présidentielle qu’habituellement. Il ne s’agit pas d’un vote d’adhésion, plutôt d’un vote de rejet de l’autre camp. Ainsi, dans une semaine, il ne faudra pas seulement regarder le résultat final. Il faudra être capable d’évaluer les traces laissées par cette violente campagne dans la société. Et de mesurer dans quel état se trouve la démocratie américaine. Ce pourrait être aussi un avertissement pour toutes les autres.