Andy Green est directeur du service de politique économique au
[ Center for American Progress Action Fund ]
, un think tank progressiste basé à Washington. Il a été conseiller auprès de la commissaire de la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC), en charge de faire appliquer les lois fédérales dans différents secteurs touchant à la sécurité (finance, cybersécurité, etc.). L’économiste a notamment participé l’application de
, votée en 2010 pour réformer le marché financier après la crise de 2008.
(Photo DR)
Quels candidats ont le plus défendu les intérêts du secteur financier ?
Mitt Romney [candidat républicain à la présidentielle de 2012, ndlr], par exemple, venait directement de Wall Street, et il avait gardé de très bons contacts avec le secteur. Les relations de Donald Trump et Hillary Clinton avec la finance sont ambiguës pour plusieurs raisons. Ce n'est pas un secret que beaucoup de professionnels désapprouvent les positions du milliardaire républicain, et que certains soutiennent Clinton. Mais d'autres n'apprécient pas non plus les fortes prises de position contre Wall Street de cette dernière. Par contre, ils sont largement favorables à un Congrès à majorité républicaine car le parti a freiné le durcissement de la régulation du marché, baissé les budgets fédéraux, et tenté de démanteler certaines parties de la loi Dodd-Frank. Wall Street veut des politiques de dérégulation.
La loi Dodd-Frank suffira-t-elle à prévenir une nouvelle récession ?
Cette réforme a colmaté les plus grandes failles du régime de régulation qui existait de 2007 à 2009, qui devaient absolument disparaître. Cela a permis de belles avancées, notamment de rendre le système financier plus sécurisé et moins déconnecté de la vie civile. Est-ce que c’est suffisant ? Parmi les progressistes, on estime que non. Le système a besoin d’être de nouveau réformé.
Que pensez-vous des critiques qui considèrent que la commission SEC, auprès de laquelle vous avez été conseiller, a été trop indulgente envers les abus des cadres de Wall Street ?
Je suis d’accord avec celles-ci. Pendant de nombreuses années, la commission était remplie d’anciens de Wall Street, qui faisaient des allers-retours dans le privé. Pas tout le monde, mais un bon nombre d’entre eux. Il faut aussi savoir que pendant longtemps les précédents judiciaires se sont accumulés pour amoindrir les capacités de régulation du fédéral. Il est devenu de plus en plus difficile de lancer des poursuites judiciaires, et de plus en plus facile de dire que personne n’est responsable de la crise financière de 2008.
Quel est l’état de santé de l’économie américaine ?
Si l'on regarde les chiffres, on peut avoir l’impression que la machine repart avec la croissance. Mais la classe moyenne n’a pas ressenti cette amélioration… Nous avons encore de la route à faire avant d’avoir les bases pour assurer une croissance continue, l’augmentation des salaires, et que cette richesse soit redistribuée aux familles de la classe moyenne.
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Que proposez-vous pour arriver à cela ?
Il faudrait d’abord continuer à soutenir l’économie par des politiques fiscales et monétaires jusqu’au plein-emploi. Investir dans des projets d’infrastructures à grande échelle est un bon moyen d’y parvenir. Il faut ensuite donner les moyens aux travailleurs de négocier leurs conditions de travail, renforcer les syndicats. A côté de cela, les citoyens doivent avoir un meilleur accès aux services d’aide à l’enfance, aux congés parentaux, et à une éducation supérieure abordable.