Depuis quelques jours, les signaux médiatiques en provenance du Sahara sont brouillés. Ils annoncent peut-être une recomposition du paysage jihadiste dans la région. Dimanche soir, le président du Haut Conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, affirmait avoir reçu une lettre signée de la main d'Iyad ag-Ghaly, le chef d'Ansar ed-Dine. Le courrier annonçait que le groupe jihadiste actif dans le nord du pays acceptait un cessez-le-feu et «l'arrêt des attaques» sur le territoire malien. Dans la nuit de mardi, un communiqué d'Ansar ed-Dine a pourtant fermement démenti.
Que s'est-il passé, en deux jours, pour expliquer ce revirement ? Le groupe islamiste est-il divisé ? L'un des documents est-il un faux ? Dicko s'est-il trop avancé en annonçant l'arrêt des combats ? L'organisation a revendiqué un attentat contre une base de «Barkhane», mais l'armée française dément toute attaque. En revanche, la Mission des Nations unies au Mali confirme avoir été touchée, lundi soir, par «7 à 8 obus» dans son camp de Kidal, qui ont endommagé des hélicoptères.
Ces jours-ci, un autre acteur vient par ailleurs de faire son apparition médiatique dans la région : après cinq mois d’attente, l’EI a accepté l’allégeance d’un groupe dissident de l’organisation Al-Mourabitoune, dirigé par «Abou Walid al-Sahraoui». Cette reconnaissance tardive d’une nouvelle branche, baptisée «Grand Sahara», est-elle une façon de suggérer que l’EI continue de se développer, au moment où son fief irakien de Mossoul est attaqué ? L’EI reste pour l’instant moins menaçant dans la région que les groupes affiliés à Al-Qaeda, comme Al-Mourabitoune et Aqmi. Mais la rivalité entre les deux organisations jihadistes transnationales vient désormais de s’étendre au Sahara.