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Libération

Y a-t-il un meurtrier dans l’avion ?

publié le 2 novembre 2016 à 20h21

L’affaire passionne des deux côtés de l’Atlantique. Le suspect numéro 1 dans l’affaire d’un barbare assassinat de quatre personnes en Espagne, réfugié au Brésil, est volontairement rentré en Europe. Patrick Nogueira Gouveia, 20 ans, a ainsi payé son billet d’avion, et ni les passagers ni l’équipage du vol São Paulo-Madrid n’ont soupçonné avec qui ils sont restés enfermés pendant une dizaine d’heures. Prévenue par sa famille, la garde civile l’attendait à l’aéroport. Dès son premier interrogatoire, le jeune Brésilien a avoué avoir assassiné son oncle, sa tante et leurs deux enfants.

Pioz, à 60 km de Madrid, est un village de 3 500 habitants riche en monuments. Le 18 septembre, les gardes civils (équivalent de la gendarmerie) qui pénètrent dans un pavillon découvrent l'origine de «l'odeur désagréable» signalée par les voisins : six sacs-poubelle posés dans le salon, remplis des restes de quatre personnes : un immigré brésilien de 39 ans, sa femme et leurs enfants de 4 et 1 an. Les victimes ont été égorgées. Le massacre remonterait au 17 août, dernier jour où le père a été vu sur son lieu de travail, un steak house.

La police scientifique finit par faire parler les rares indices : l'ADN identifié sur les sacs et les ustensiles de cuisine appartient à Patrick Gouveia, le neveu du mari, qui a été hébergé par le couple. Les enquêteurs le ratent à une heure près, le 22 septembre, quand il s'envole pour le Brésil. De retour dans sa famille, le jeune homme est convoqué au commissariat. Il affirme avoir fui par crainte d'être «le prochain sur la liste» (des tueurs) et juge logique que ses empreintes se trouvent dans l'appartement : il a partagé la vie de la famille. La justice le laisse repartir.

Quand la presse espagnole s'alarme du manque de coopération de la justice brésilienne, survient un événement imprévisible : le suspect débarque à Madrid, le 22 octobre, de son propre chef. Les indices s'accumulant contre lui, le jeune homme pouvait s'attendre à un procès sur place, le Brésil n'extradant pas ses ressortissants. Mais accusé d'avoir assassiné des enfants, il risquerait de laisser sa peau dans les prisons réputées pour leur violence. Retourner en Espagne et y plaider la folie est le seul moyen d'avoir la vie sauve. «J'ai senti une haine irrépressible, quelque chose me disait que je devais les tuer», a-t-il déclaré lors de son premier interrogatoire.