Menu
Libération
Récit

3h30, l'heure où les lignes se sont inversées

Après avoir mené largement selon les premières estimations, Hillary Clinton s'est effondrée au fur et à mesure de la soirée. Et à 5 heures, la probabilité d'une victoire de Donald Trump semblait de plus en plus forte.
Capture d'écran des projections du New York Times sur «les chances de gagner».
publié le 9 novembre 2016 à 5h11

Depuis 1 heure du matin, heure française, et la tombée des premiers résultats, Hillary Clinton se trouvait confortablement en avance. Les projections du New York Times montraient même Donald Trump au fond du gouffre. Un peu avant, le milliardaire semblait nerveux, lançant un tweet impérieux : «Ne laissez pas tomber, continuez à aller voter - cette élection est LOIN D'ETRE TERMINEE ! Nous réussissons bien mais il reste beaucoup de temps. ALLEZ LA FLORIDE !» 

A 1h30, l’île de Guam était, par le jeu du décalage horaire, la première à annoncer ses résultats. Ses 160 000 habitants plébiscitaient Clinton, qui écrasait Trump 71,6% contre 24,1% dans cette petite île de l’océan Pacifique, proche des Philippines. Comme Guam ne désigne aucun grand électeur, son vote restait symbolique. Mais faisait figure d’augure, sachant que, depuis 1980, les Guamaniens ont toujours placé en tête le futur président.

Puis peu à peu, les deux courbes représentant les chances d’emporter l’élection, la bleue pour la candidate démocrate, et la rouge pour le républicain, se sont rapprochées, avant de se rejoindre brusquement, puis de se croiser, au fur et à mesure de la tombée des résultats partiels.

Les observateurs de ce côté-ci de l'Atlantique, qui étaient prêts à aller se coucher, pensant que l'affaire était pliée, sont restés collés devant leurs écrans. Tandis qu'aux Etats-Unis, les électeurs démocrates assistaient, tétanisés, au retournement de situation, comme ci-dessous dans le Missouri (photo AFP) ou sur Times Square, à New York.

Dans l’autre camp, l’excitation est montée en flèche au QG de Trump.

A New York, ses supporteurs ont commencé à avoir le sourire (Photo AFP) : 

Au fur et à mesure de la dégringolade de Clinton, les marchés financiers s’agitaient. L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo chutait de 4,99 %, la Bourse de Hongkong abandonnait 3,49 %. Le peso mexicain s’effondrait. Véritable indicateur de la présidentielle américaine depuis le début de la campagne, son cours a chuté de 10%. La raison est simple : une victoire de Donald Trump pourrait nuire à l’économie mexicaine, étant donné le projet du candidat de construire un mur séparant les deux pays. Le Dow Jones, lui, chutait de 625 points.

Alors que Donald Trump avait un peu plus tôt exhorté les Américains à aller voter pour lui, c'était au tour d'Hillary Clinton de mobiliser les derniers électeurs pour sa candidature, toujours via Twitter. «L'élection est bientôt terminée. N'attendez pas. Allez voter maintenant !» a-t-elle appelé sur son compte personnel.

A 4h25, heure de Paris, le scénario de Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, semblait de plus en plus crédible. Un seul sondeur a prévu sa victoire, suivant une méthode qu'il a mise au point, intégrant notamment la probabilité que le sondé aille réellement voter.

A 5 heures, la Floride tombait officiellement dans l'escarcelle de Trump. Il était désormais assuré d'avoir 172 grands électeurs, contre 168 pour Clinton. Une égalité est possible, et ce ne serait pas la première fois. L'élection présidentielle américaine étant un scrutin indirect, les électeurs votent pour 538 grands électeurs. Leurs voix peuvent donc peuvent théoriquement se répartir en 269-269. Dans ce cas, c'est la nouvelle Chambre des représentants qui voterait pour choisir le président. C'est comme ça que John Adams avait dû laisser la place à Thomas Jefferson en 1800.