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Giuliani, Trump Jr., Christie, Carson... les troupes de Trump

L’ancien maire de New York, son fils aîné ou d’ex-concurrents des primaires républicaines… Tour d’horizon de ceux qui pourraient constituer la future administration.
Donald Trump, sa famille et son entourage politique, mercredi, lors de son discours de victoire à New York. (Photo Chip Somodevilla. AFP)
publié le 9 novembre 2016 à 20h06

Ils sont presque tous montés sur l’estrade de l’hôtel Hilton de New York, où Donald Trump a donné, mardi, son discours de victoire. Des conservateurs pur jus, des outsiders, des proches et des idéologues d’extrême droite qui ont cru en sa campagne. Le nouveau président peut désormais piocher dans cette cour, restreinte mais fidèle, pour constituer sa future administration.

Rudy Giuliani : de New York à la Justice ?

L’ex-maire de New York a parfois des formules malheureuses. A peine Trump élu, Rudy Giuliani, qui fut dès le départ un fervent soutien du milliardaire, a comparé la victoire de son poulain à celle d’Andrew Jackson, président américain resté célèbre pour… sa répression féroce des Indiens d’Amérique. Pressenti pour devenir ministre de la Justice, Giuliani, 72 ans, auréolé par sa gestion de l’après 11 Septembre, affiche des positions assez hétéroclites dans les domaines qui pourraient relever de son futur portefeuille. Farouche opposant à l’usage de la marijuana, même à des fins thérapeutiques, il est dans le même temps favorable à une restriction du permis de port d’armes. Il justifie et soutient l’usage de la torture dans les cas de terrorisme, mais serait favorable à une limitation de la peine de mort aux crimes les plus graves.

Procureur général associé (numéro 3 du département de la Justice) sous Ronald Reagan, ce fils d'immigrés italiens avait défendu le maintien dans des centres de rétention de centaines de Haïtiens qui fuyaient la dictature, mais favorisera l'accès des immigrés clandestins aux services publics et à l'école en tant que maire de New York. «Si vous cherchez à contrôler totalement l'immigration aux Etats-Unis, vous risquez de détruire son économie», avait déclaré en 2007 celui qui avait commencé sa carrière chez les démocrates avant de passer dans le camp républicain. Mais c'était bien avant l'entrée en scène de Donald Trump.

Chris Christie : un ministère ou un scandale

Gouverneur du New Jersey depuis 2010, le républicain Chris Christie, 54 ans, est responsable de la transition présidentielle de Donald Trump, qui n’entre en fonction que le 20 janvier. D’abord candidat aux primaires républicaines en 2015, Chris Christie s’est vite retiré de la course et a soutenu Trump. Il pourrait devenir ministre du Commerce ou de l’Intérieur. Sauf s’il est éclaboussé par le «Bridgegate», scandale pour lequel deux de ses conseillers viennent d’être condamnés - ils avaient organisé des embouteillages sur le pont George Washington afin de punir un maire qui n’avait pas soutenu le gouverneur républicain.

Donald Trump Jr.: la copie carbone

Homme d’affaires, marié à un mannequin et père de cinq enfants dont un Donald troisième du nom : pas de doute, Donald Trump Jr. est la copie conforme de son père. Très investi dans la campagne du milliardaire, il partage sans complexe les mêmes idées anti-immigration. Fin septembre, le fils aîné avait choqué les internautes en comparant sur Twitter - image à l’appui - les réfugiés syriens à des Skittles, ces petits bonbons multicolores :

«Si j’avais un bol de Skittles et que je te disais que trois d’entre eux veulent te tuer, en prendrais-tu une poignée entière? Voilà notre problème avec les réfugiés syriens.»

Déjà vice-président exécutif de la Trump Organization avec son frère Eric et sa sœur Ivanka, il pourrait bénéficier d’un poste clé dans l’administration de son père.

Ben Carson : un chirurgien à la Santé?

Ancien neurochirurgien pédiatre, Ben Carson a une place quasiment assurée dans la future administration Trump, comme ministre de l’Education ou de la Santé. Rendu célèbre durant les années 80 pour avoir été le premier médecin à séparer des siamois attachés par la tête, il a su attirer l’attention des cercles conservateurs après une diatribe, en 2013, contre le Affordable Care Act, la grande réforme du système d’assurance santé du président sortant (plus connue sous le nom d’Obamacare), que Trump a promis d’abroger. Ben Carson, qui n’avait jusqu’alors que peu d’expérience politique, s’est présenté comme candidat lors des dernières primaires républicaines. Auteurs de discours décousus et de déclarations contradictoires, Carson n’a pas remporté une seule primaire, malgré une campagne très coûteuse.

Jeff Sessions : un des premiers soutiens venu du Sénat

Sénateur de l’Alabama depuis 1996, Jeff Sessions a soutenu les réductions d’impôts sous la présidence de George W. Bush, et la guerre en Irak. Opposant à l’IVG, il a soutenu un amendement pour interdire le mariage homosexuel. Premier sénateur républicain à s’être rangé derrière Trump en février 2016, Sessions a un temps fait partie de la liste des potentiels candidats à la vice-présidence, avant que Trump ne lui préfère Mike Pence. Il a néanmoins joué un rôle crucial dans l’équipe de transition du milliardaire. Plusieurs sources laissent entendre qu’il pourrait devenir ministre de la Défense.

Newt Gingrich : un républicain hardcore aux Affaires étrangères

Un génie terroriste a infiltré le sommet du pouvoir à Washington et menace les fondements de la démocratie : non, il ne s’agit pas d’une parabole sur la victoire de Trump, mais du pitch de

Trahison

, le dernier roman (coécrit avec un journaliste) du futur ministre des Affaires étrangères des Etats Unis. Du moins tel qu’il est résumé sur la page Facebook de Newt Gingrich, 73 ans, qui depuis longtemps se pique de littérature et d’histoire. Ce républicain hardcore digne de

House of Cards

fut pendant quatre ans président de la Chambre des représentants (de 1995 à 1999), poste qui lui valu plusieurs duels avec Bill Clinton. Il est désormais appelé à gérer l’incertaine diplomatie du nouveau président élu. Malgré leurs différences de vues notoires : Gingrich est un partisan farouche du libre-échange, quand Trump se veut protectionniste. Il défend les interventions militaires, quand son nouveau boss se veut plus isolationniste. Mais Gingrich, un temps candidat à la présidentielle en 2012, n’a aucun scrupule à changer d’avis. Et les deux hommes partagent une même islamophobie. Quand Trump affirmait vouloir interdire l’accès des Etats Unis aux musulmans, Gingrich s’opposait à la construction d’une mosquée près de Ground Zero, comparant ce projet à celui d’une construction nazie à côté d’un musée de l’Holocauste. Avec un tel duo, la politique étrangère américaine nous réserve peut-être des surprises.

Stephen Bannon : l’extrémiste devenu producteur et banquier

Ancien officier dans la marine, banquier d’affaires chez Goldman Sachs, producteur de films et auteur notamment d’un documentaire élogieux sur Sarah Palin (la colistière de John McCain en 2008), Stephen Bannon est un touche-à-tout. Fervent supporteur du candidat Trump, il a été nommé directeur de sa campagne mi-août pour relancer sa course à la Maison blanche. «Steve» quitte alors son poste de président exécutif de Breitbart News, qu’il occupait depuis 2012. Le site d’info, à l’origine conservateur, s’est dangereusement rapproché sous sa direction de l’extrême droite, provoquant la démission de plusieurs journalistes, qui accusent en outre le site d’être devenu un organe de propagande pro-Trump. L’homme devrait dès lors conserver un rôle de conseiller auprès du nouveau président des Etats-Unis.

(Photos AFP)