Le Trump Hotel est en furie. Le champagne et les bières insipides sont de mise pour ce grand jour où chaque tête est ornée d’un couvre-chef avec «TRUMP» écrit en lettre blanches. Devant l’écran géant, depuis 19h30, une petite centaine de supporteurs n’en finit pas de crier victoire : «U-S-A» ; «lock her up» («enfermez-la») ; «build the wall» («construisez le mur»). La Caroline du Nord (51,3%) est tombée, puis le Wisconsin (49,2%).
Quand c'est le tour de la Floride, Joanne exulte : elle sait que la victoire de ce swing state est capitale. Fière républicaine, elle accompagne son époux Paul, venu à Las Vegas pour le travail. «Avant, républicains comme démocrates, tout le monde restait décent… Aujourd'hui, les démocrates sont trop permissifs, presque socialistes», affirme-t-il. Une étiquette qui, ici, résonne comme une insulte. Matthias affiche un sourire de vainqueur. Le Suisse vit à Los Angeles depuis quelques années et vient de faire un don à la campagne de son idole, dont il détient l'autographe.
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Il arbore ce soir la casquette et un tee-shirt «Underwood 2016» (du nom du personnage de la série House of Cards), acheté 9 dollars chez Urban Outfitters. Est-ce à dire que les deux politiciens, de réalité ou de fiction, ont la même audace ? Pas loin. «Trump, il ose tout et on a tous besoin de changement. J'ai écouté votre Hollande l'autre jour, il parlait d'une centrale nucléaire qu'il devrait faire détruire un jour… bah, il ne le fait pas. Tandis que Trump, son mur, eh bien il va le faire.» Devant lui, les verres sont débarrassés en vitesse par une jeune femme. Elle soupire : «Dure soirée.»
Dans le fond de la salle, Adam et Polly n'ont pas le cœur à la fête et ils sont les seuls dans ce cas : les deux amoureux vivent en Grande-Bretagne et en sont à leur deuxième bière, après quelques minutes de présence. «On vient de vivre le Brexit, et maintenant ça… Les gens voient "le changement c'est maintenant" et décident de ne pas lire les petites lignes en bas.»
Au moment où se multiplient les victoires, dans les Etats clés, de l’homme que personne ne donnait gagnant depuis la primaire des républicains, les quelques tristes sires de la soirée, les démocrates, décident de tourner les talons.