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Libération
Les promesses 6/7

Isolationnisme : ferrailler à l’Otan et écraser l’EI

publié le 10 novembre 2016 à 20h36

Ce qu’il a dit

«Je veux conserver l’Otan, mais je veux qu’ils payent. Nous protégeons des pays dont personne n’a entendu parler et on va finir avec une troisième guerre mondiale.»

Et s’il le fait vraiment ?

L'Alliance atlantique est selon Trump «obsolète» et beaucoup trop chère. Tout au long de sa campagne, il a promis d'ôter la protection militaire aux Etats membres européens qui ne contribuent pas suffisamment aux dépenses. Cette remise en cause, sans précédent, des engagements de l'Otan risque de délier les mains de Vladimir Poutine, craint-on en Estonie, Lituanie et Lettonie, où a été très mal vécue l'incursion russe en Ukraine, et plus généralement la croisade du Kremlin pour défendre les «populations russophones» de l'étranger proche. D'autant que les alliés ont prévu de déployer plusieurs milliers d'hommes supplémentaires début 2017 aux pays baltes et en Pologne. Pour Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan, le désengagement annoncé par Trump est impensable : «Face au nouvel environnement sécuritaire difficile […] le leadership des Etats-Unis est plus important que jamais.»

Si la russophilie de Trump reste encore à prouver, le républicain a pris un malin plaisir à afficher sa sympathie pour le président russe, «un leader fort». Trump a toujours refusé de critiquer Poutine sur sa politique expansionniste, que ce soit en Syrie ou en Ukraine, laissant même entendre qu'il pourrait reconnaître l'annexion de la Crimée et envisager la levée des sanctions contre la Russie. Un tel revirement de leur politique étrangère risque d'isoler les Etats-Unis sur la scène internationale, ce qui semble, du reste, faire partie des plans de leur prochain président.

Ce qu’il a dit

«Je les bombarderai jusqu’à les réduire en merde puis prendrai leur pétrole.»

Et s’il le fait vraiment ?

Le double objectif établit un raccourci entre l'Etat islamique qu'il faut attaquer et les ressources pétrolières de la région irako-syrienne qui ne sont pas entre ses mains. Récemment, Trump a dit son intention de commander aux généraux américains «un plan pour vaincre l'Etat islamique dans les trente premiers jours»de son mandat. Dans la formulation plus policée que l'on peut lire dans le programme officiel sur son site de campagne, une rubrique unique concerne la «politique étrangère et vaincre l'Etat islamique». Il s'agit en fait de poursuivre la guerre actuelle contre l'organisation terroriste : des opérations militaires agressives conjointes de la coalition, en travaillant avec «les alliés arabes au Moyen-Orient».

Bien plus ambitieuse apparaît la volonté affichée de «vaincre l'idéologie du terrorisme islamique extrémiste comme on a gagné la guerre froide». Car dans le même temps, Donald Trump prône une politique de désengagement des Etats-Unis, qui «n'ont pas vocation à être les gendarmes du monde». Ils doivent aussi «renoncer à la stratégie de bâtir les nations et changer les régimes». Sur ce plan, il ne ferait que suivre le chemin entamé ces dernières années par Barack Obama, se démarquant de son prédécesseur républicain George W. Bush. Le problème est justement que la mauvaise gestion des Etats post-dictatoriaux de Saddam Hussein en Irak ou Muammar al- Kadhafi en Libye a favorisé l'émergence et le renforcement de l'Etat islamique.