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Libération
Les promesses 4/7

Obamacare : priver 22 millions de personnes d’assurance santé

publié le 10 novembre 2016 à 20h36

Ce qu’il a dit

«Si nous n’abrogeons pas la réforme Obamacare pour la remplacer, nous allons détruire le système de santé américain pour toujours.»

Et s’il le fait vraiment ?

Bête noire des républicains, l'Obamacare a de mauvais jours devant elle. Cette réforme du système d'assurance de santé américain, aussi appelée Affordable Care Act (ACA) et dont le président Obama est si fier, est entrée en vigueur en 2014, quatre ans après avoir été votée. Elle faisait déjà l'unanimité contre elle auprès des républicains du Congrès. Depuis, Donald Trump a fait de sa destruction une promesse de campagne. Mercredi, quelques heures à peine après l'annonce de l'élection du milliardaire, Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants et son collègue Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat, revendiquaient vouloir suivre la volonté du nouveau président élu et balayer l'Obamacare. «C'est placé en haut de notre agenda», a annoncé ce dernier.

A partir de 2017 et l’entrée en fonction du nouveau Sénat élu mardi, les républicains n’auront plus qu’une courte majorité (51 sièges). Et si les démocrates choisissent d’utiliser la procédure dite «d’obstruction parlementaire», les républicains auront besoin de 60 % des votes. Pour pallier cela, ils pourraient utiliser une «budget reconciliation», c’est-à-dire une disposition qui permet de modifier une loi existante dans le but de rendre les dépenses publiques conformes au budget fédéral déjà voté. Pour la valider il suffit d’une majorité simple que le parti est quasi sûr d’obtenir.

«Les conservateurs s'opposent principalement à l'obligation de s'assurer et à la régulation par les instances fédérales du marché de l'assurance», explique Valérie Paris, spécialiste des politiques de santé à l'OCDE. Selon une étude de 2015 du bureau du Congrès sur le budget, une suppression de l'Obamacare permettrait de réduire le déficit public de 193 à 282 milliards de dollars (entre 177 et 259 milliards d'euros). Mais il ferait aussi perdre à environ 22 millions de personnes leur couverture santé. Un peu dur à avaler pour les électeurs américains. Les Etats-Unis ont des dépenses de santé parmi les plus élevées au monde. Les pontes du Parti républicain prévoiraient donc une période de transition de deux ans avant le démantèlement de l'Obamacare. Cela leur donnerait le temps de mettre en place un système fait maison, et de laisser passer les élections de mi-mandat, en 2018, où un tiers du Sénat et l'entièreté de la Chambre des représentants seront en jeu.

Pour l’héritage d’Obama, un tel scénario serait catastrophique. Dix-sept millions de personnes ont gagné une couverture santé depuis l’entrée en vigueur de la réforme en 2014, permettant d’atteindre le plus bas taux de non-assurés de l’histoire des Etats-Unis : 8,6 % au début de l’année. Seulement, l’Obamacare n’est plus aussi populaire qu’à ses débuts : les prix moyens des assurances proposées devraient augmenter de 25 % l’an prochain, selon des prévisions fédérales. Plusieurs assureurs ont déjà décidé de sortir du système.