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Libération
Présidentielle

La Moldavie choisit entre l'UE et la Russie

Les Moldaves se rendent aux urnes ce dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle où s'opposent le candidat prorusse Igor Dodon et la candidate pro-européenne Maia Sandu.

Le candidat à la présidence moldave Igor Dodon avec sa femme et ses enfants, s'apprête à voter, le 13 novembre 2016 dans un bureau de vote de Chisinau (Photo DANIEL MIHAILESCU. AFP)
ParVeronika Dorman
avec AFP
Publié le 13/11/2016 à 14h45

Pour la première fois depuis vingt ans, le président de la Moldavie est élu au suffrage universel. Au second tour, ce dimanche, s'opposent, comme il est de mise dans la région, un candidat pro russe, Igor Dodon, arrivé en tête du premier tour avec 47% des voix et donné largement favori, et une pro-européenne, Maia Sandu, qui avait recueilli 38% des suffrages, le 30 octobre dernier.

La petite ex-république soviétique de 3,5 millions d'habitants, nichée entre l'Ukraine et la Roumanie, est l'un des pays les plus pauvres d'Europe: 41% de sa population vit avec 5 dollars par jour selon la Banque mondiale. En outre, depuis un an, la Moldavie est plongée dans une grave crise politique, après la disparition d'un milliard d'euros des caisses de trois banques (l'équivalent de 15% du PIB). Pro russes et pro-européens, de gauche et de droite, étaient alors descendus dans la rue pour protester contre la corruption des dirigeants politiques. Trois gouvernements pro-européens se sont succédés depuis, sans calmer la colère des Moldaves, qui commencent à se détourner de l'idée européenne. L'opinion publique, dans ce pays considéré comme un modèle régional d'intégration européenne, est aujourd'hui devenue majoritairement antieuropéenne, comme en témoignent les résultats du premier tour de la présidentielle.

La fonction du président moldave étant honorifique, il détient surtout un pouvoir d'influence. En faisant l'arbitre en les partis au parlement, dirigeant l'armée et les services de sécurité, ou encore nommant le Procureur général, le chef de l'Etat détermine la tendance politique du pays. Et c'est bien l'enjeu de ce scrutin.

Le socialiste Igor Dodon, ancien ministre de l'Economie, soutenu par les médias, l'Eglise orthodoxe, et l'oligarque Vladimir Plahotniuc (chef du Parti démocrate), prône un rapprochement avec la Russie, dont il admire le régime. Il veut revenir sur l'accord d'association avec l'UE, signé en 2014, qui, selon lui, a plombé l'économie nationale. Certes, l'accord a ouvert graduellement le marché européen aux produits moldaves, dont les exportations vers l'UE se sont élevées à 2 milliards d'euros depuis, mais il a aussi provoqué l'ire de Moscou, qui a imposé un embargo sur les importations de fruits et de viande moldaves. En face, Maia Sandu, ancienne ministre de l'Éducation formée aux Etats-Unis et passée par la Banque mondiale, considère au contraire que cet accord est la «base pour le développement du pays», il est synonyme de réformes et de lutte contre la corruption, un mal endémique dont souffre la Moldavie.