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Libération
Éditorial

Sans relâche

Devant la tour Trump à New York le 10 novembre. (Photo Kena Betancur. AFP)
publié le 13 novembre 2016 à 20h26

Prenons garde à ne pas projeter nos peurs et nos envies de réagir. Ces manifestants que l’on voit nombreux crier leur terreur et leur colère en Californie et à New York, incapables de se reconnaître dans ce futur président xénophobe, sexiste, homophobe et raciste qu’est Donald Trump, représentent-ils une force susceptible d’infléchir le cours des choses ? Il est trop tôt pour le savoir. Et si c’était le cas, faut-il vraiment souhaiter qu’une moitié de l’Amérique se soulève contre l’autre ? Non, bien sûr. Même si le système électoral américain est complexe et mérite peut-être d’être remis à plat, Donald Trump a été démocratiquement élu et ce n’est pas parce que la plupart des analystes, des sondeurs et des médias ne l’ont pas vu venir qu’il faut le contester. Mais il ne faut pas s’incliner pour autant. Ce n’est pas un hasard si le joli mot de «résistance» commence à circuler. L’envie de résister est là et elle fait du bien. C’est peut-être cette envie-là qui va réveiller un monde occidental en passe de se recroqueviller sur lui-même et d’oublier ses valeurs d’ouverture et de liberté. Aux Etats-Unis, les mois, les années à venir vont être rudes mais ces résistants-là ne devront rien laisser passer. Il va falloir rebâtir un Parti démocrate plus proche du peuple, brandir en continu le premier amendement de la Constitution, qui préserve la liberté d’expression, et lutter sans réserve et sans relâche contre les idées nauséabondes et à courte vue d’un président que seuls le fric, la puissance et le show motivent. Ce qui se passe en Amérique peut nous réveiller aussi de ce côté-ci de l’Atlantique, où la démagogie et la tentation du repli identitaire gagnent du terrain. Il reste près de cinq mois pour étudier attentivement tous les programmes et se décider à aller voter. S’il faut résister, mieux vaut le faire avant qu’après l’irréparable.