Lorsqu’elle s’est exprimée sur scène, derrière un pupitre en bois et devant un drapeau américain, pour concéder sa défaite à l’élection présidentielle face à Donald Trump, Hillary Clinton a sans doute été, l’espace de cet instant, la femme la plus scrutée du monde. De son discours, tout a été dit : qu’il était sans doute le plus douloureux de sa carrière, qu’il était peut-être son dernier. Ses vêtements aussi ont attiré l’attention, et – pour une fois – pour une bonne raison : la candidate défaite portait une veste noire aux revers violets, ouverte sur un haut de la même couleur.
Derrière elle, se tenait son mari, le visage tout aussi triste, la cravate toute aussi violette. Coïncidence ou pas, Anne Holton, l'épouse de Tim Kaine, le ticket de Clinton, portait également un gilet violet. Plus tard, Michelle Obama apparaissait en public à l'occasion de sa rencontre avec la future première dame, Melania Trump, vêtue d'une robe violette. Le New York Times, commentant la rencontre, a alors parlé de «color diplomacy» (diplomatie de la couleur).
Selon Vogue, il faut y voir une référence au mouvement des suffragettes, qui ont lutté pour obtenir le droit de vote pour les femmes, et dont le violet est l'une des couleurs.
D'autres commentateurs y ont vu une référence à l'Eglise méthodiste, dont Hillary Clinton fait partie, qui a aussi le violet pour couleur.
Mais surtout, le violet est ce que l'on obtient si l'on mélange le rouge, couleur du parti républicain, et le bleu, couleur du parti démocrate. D'ailleurs, les «swing states», ces Etats qui, en n'ayant pas de penchant démocrate ou républicain clair, peuvent faire basculer une élection, sont aussi appelés les «purple states», les Etats violets, par opposition aux «blue states» et «red states», les Etats «bleus» et «rouges», traditionnellement démocrates et républicains. De nombreux commentateurs ont ainsi vu dans ce choix la volonté de prôner l'unité.