Une histoire à peine croyable, se répète sous nos yeux, comme dans les années 30. Elle n’est pas seulement de circonstance. Pour «convaincre son monde» et pour se faire passer pour ce qu’il n’est et ne sera jamais, Donald Trump aura usé d’une évolution de fond, la même d’ailleurs utilisée par le Front national en France : contre l’immigration, contre l’étranger, pour la préférence nationale, le milliardaire a plaidé pour une plus grande intervention de l’Etat.
A l’en croire, 1 000 milliards de dollars (932 milliards d’euros) d’argent public, consacrés à de grands travaux d’infrastructures, seront injectés dans les rouages de l’économie américaine. De quoi couper les fils avec le monde. Faibles en substance, ces propositions sonnent agréablement à l’oreille des Américains. Certes, l’histoire ne ressert jamais les mêmes plats. Faut-il pour autant s’interdire une comparaison ? Celle avec l’entre-deux-guerres lorsque s’est joué l’avènement d’une politique et d’un parti : celui du national-socialisme des travailleurs allemands. Ces deux mots accolés forment une articulation contradictoire. La probabilité pour que Trump ait, un jour, lu les écrits de John Maynard Keynes est proche de zéro. Mais il se trouvera malgré tout des économistes pour accoler deux mots : national et keynésien. Comme si cette nouvelle potion concoctée par Trump avait été inspirée par l’un des plus grands économistes, Keynes, et que d’autres pays feraient bien de prendre en exemple.
Certes, rien n’empêche, a priori, les Etats-Unis d’appuyer sur l’accélérateur de la dépense publique. Mais l’équipe Trump réalisera très vite que l’épargne américaine est faible. Et qu’il faut se tourner vers les pays aux poches pleines de billets verts. Ce moment venu, un pays sera là pour se rappeler au bon souvenir de Washington. C’est la Chine. La rhétorique de Trump a fait recette, mais le repli sur soi pourrait très vite provoquer un divorce entre nationalisme et keynésianisme.
Si l’idée de démondialisation est un concept à la mode, il n’en reste pas moins que la mondialisation, c’est encore la réalité pour une grande partie du monde. Surtout pour les Etats-Unis. N’en déplaise au prochain locataire de la Maison Blanche, qui pourrait le réaliser à ses dépens. Et être contraint de mettre de côté cette association, non avouée et antinomique, entre national et keynésien.