Les raids aériens ont repris depuis deux jours sur les quartiers assiégés d'Alep-Est, faisant plus d'une trentaine de morts mercredi. Après une pause de près d'un mois, décidée par les Russes, les hélicoptères de Bachar al-Assad ont largué plusieurs barils d'explosifs sur les quartiers habités de la ville. «Je rentre à l'instant avec mes trois fils sains et saufs de leur école», racontait mercredi Abou Youssef, du quartier de Karam Beik. «Quand on a entendu ce matin l'hélicoptère, puis le baril d'explosifs tomber tout près, ma femme et moi avons été pris de panique. Je me suis précipité dans la rue et, avant même d'arriver à l'école, j'ai vu des groupes d'enfants courir cartable sur le dos. J'ai trouvé les miens parmi eux. On est rentrés en marchant sur les décombres d'une maison écrasée par le bombardement. On a enjambé les blocs de pierre, les cadres de fenêtres et les quelques meubles éparpillés.»
Les aviations russe et syrienne avaient cessé leurs raids sur Alep le 18 octobre après des semaines d’intenses bombardements qui avait soulevé un tollé international. La trêve était destinée, selon Moscou et Damas, à favoriser la sortie des rebelles et des civils de la zone assiégée depuis trois mois. En réalité, seules quelques dizaines de personnes sont sorties de la ville en empruntant les passages «sécurisés».
Profitant de cette pause, des groupes rebelles ont tenté de briser le siège de la partie orientale de la ville. L’offensive qu’ils ont lancée il y a une quinzaine de jours leur a permis de prendre pied dans plusieurs quartiers contrôlés par le régime. Mais l’attaque a tourné court au bout de quelques jours et ils ont dû reculer face à la riposte des forces gouvernementales, soutenues notamment par les milices iraniennes. Cette difficulté, pour chaque camp, d’avancer et de tenir ses positions prolonge l’impasse militaire.
L'arme de la faim commence toutefois à montrer son efficacité. Les stocks de nourriture, de produits médicaux et de carburants fondent dangereusement. L'aide alimentaire distribuée par les services du Conseil local d'Alep ne fait que diminuer. «On nous donne maintenant pour un mois l'équivalent de ce qu'on recevait pour une semaine. Même les rations quotidiennes de pain ont été réduites», explique Abou Youssef. Pour protester contre ces pénuries, des gens ont manifesté il y a deux jours dans le quartier de Boustane Al-Qasr. «Mais avec le retour des raids aériens, on a oublié la faim», ajoute le père de famille. Depuis des semaines, des négociations pour faire entrer des convois humanitaires se poursuivent par l'intermédiaire de l'ONU, sans aboutir.
En même temps que l'aviation syrienne reprenait ses bombardements sur Alep, une campagne aérienne a été lancée par l'armée russe depuis le porte-avions Amiral Kouznetsov, arrivé la semaine dernière. «Une opération d'ampleur, selon le ministre russe de la Défense, visant à frapper les positions de l'Etat islamique et du Front Fatah al-Cham dans le nord-ouest et le centre du pays.» La Russie aurait décidé cette fois d'en finir avec Alep. C'est du moins la crainte des habitants, comme des forces rebelles .