Entre Trump et Erdogan, les pressions s'accumulent sur l'Otan. Dans l'attente fébrile que s'éclaircisse la révision préconisée par le nouveau président américain sur la défense de l'Europe, l'organisation se trouve affectée par les purges qui n'en finissent pas en Turquie. «Plusieurs officiers turcs employés dans la structure de commandement de l'Otan ont sollicité l'asile dans les pays où ils travaillent», a indiqué hier Jens Stoltenberg, Secrétaire général de l'Alliance.
Le chef de l'Otan, qui doit se rendre dimanche à Istanbul, n'a pas donné de détails sur le nombre ni les lieux d'affectation des officiers turcs concernés. Intervenant à une conférence sur la sécurité à Bruxelles, siège de l'Organisation, il a noté qu'«un certain nombre de membres du personnel (militaire) turc ont été changés dans la structure de commandement» de l'Otan. «J'espère que la Turquie (les) remplacera et continuera d'assurer les postes» qui lui reviennent dans ce dispositif, a-t-il poursuivi.
Des centaines de militaires turcs affectés auprès de l’Otan, en Europe et aux Etats-Unis, avaient été relevés de leurs fonctions au lendemain du coup d’Etat avorté du 15 juillet dernier. Huit officiers avaient fui en Grèce le 16 juillet et demandé l’asile. Leur demande avait été rejetée mais ils ont fait appel le 25 octobre, tandis qu’Ankara a réclamé leur extradition. La requête est en cours d’examen par la justice grecque. Par ailleurs, plusieurs officiers turcs d’une base de l’Otan située à Ramstein (ouest de l’Allemagne) ont également demandé l’asile avec leurs familles, ont rapporté jeudi des médias allemands. Au moins deux gradés turcs, postés à Bruxelles, ont, eux, demandé l’asile à la Belgique en septembre dernier, selon l’agence Reuters. En outre, parmi les 400 militaires et diplomates rappelés à Ankara au lendemain du putsch raté, un certain nombre ont choisi de ne pas retourner dans leur pays. Les arrestations arbitraires et les limogeages qui touchent leurs collègues en Turquie leur font choisir l’exil.
C'est à chaque pays membre de l'Otan concerné de «décider ou non d'accorder l'asile» à ces candidats, selon Jens Stoltenberg. L'Otan «n'a pas de mandat pour cela, ce n'est pas notre responsabilité, et nous nous tromperions si nous commencions à nous mêler de ce type de problèmes juridiques», a-t-il affirmé.