Les autorités des Philippines envisagent de réintroduire la peine de mort, à laquelle le pays avait pourtant renoncé il y a dix ans, et militent pour que l’âge de la responsabilité pénale soit abaissé de 15 à 9 ans. Dans un climat tendu, les parlementaires discutent à nouveau cette semaine de ces deux projets de loi.
Au moins 16 projets de loi ont été déposés par des parlementaires afin de «punir les crimes odieux», notion suffisamment vague d'un point de vue juridique pour englober beaucoup de délits.
Mais des parlementaires, experts et activistes soulèvent des questions juridiques non négligeables. Depuis 1966, Manille est en effet signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ce texte, ratifié en 1986, garantit à tout être humain le «droit inhérent à la vie» selon son article 6. La Constitution de 1987 a donc aboli la peine de mort, mais le Congrès l'a rétablie en 1993. Sept personnes ont d'ailleurs été exécutées entre 1993 et 2006. A cette date, les Philippines ont proscrit à nouveau la peine de mort, mais également ratifié le second protocole facultatif, qui stipule qu'«aucune personne relevant de la juridiction d'un Etat partie au présent protocole ne sera exécutée».
Ainsi, sauf à vouloir violer la loi et à s'asseoir sur une partie des droits de l'homme et de l'enfant, l'administration Duterte semble donc liée par des engagements pris il y a dix ans. «Je n'étais pas président à cette époque, si je l'avais été, nous ne parlerions pas de cela aujourd'hui», a dit Duterte, sur l'air du regret, en rencontrant la communauté philippine de Tokyo en octobre. Autrement dit, les Philippines, comme la grande majorité des Etats dans la région Asie-Pacifique, exécuteraient à tout va. Sans état d'âme.