Cinq mois exactement jour pour jour après le vote en faveur d’une sortie de l’Union européenne, le ministre des Finances britannique, Philip Hammond, a présenté son premier budget post-Brexit. Devant des parlementaires plutôt détendus, il s’est même autorisé quelques blagues lors du sérieux exercice. Les prévisions économiques annoncées par le chancelier de l’échiquier sont pourtant moins bonnes que celles calculées il y a quelques mois par l’organisme public servant de référence au budget (OBR).
1,4% de croissance prévue pour 2017
Jusqu'à présent, selon des chiffres publiés en mars, soit avant le référendum, Londres tablait sur une croissance de 2,2% pour 2017. Une estimation revue à la baisse, à 1,4%, même s'il «n'y a jamais eu autant d'incertitude sur les chiffres», a précisé le chancelier de l'échiquier. Au-delà de ces données, Philip Hammond s'est félicité «du robuste marché de l'emploi», avec plus de 2,7 millions de postes créés depuis 2010. Un taux de chômage bas qui ne suffit pas à calmer les inquiétudes économiques liées au Brexit. Pas d'annonce de grand plan de relance. Le ministre des Finances a préféré dévoiler une stratégie budgétaire centrée sur le pouvoir d'achat et la productivité.
4% d’augmentation du salaire minimum
C'est la mesure emblématique de cette déclaration d'automne. A partir d'avril 2017, il passera à 7,5 livres brutes de l'heure (8,8 euros), contre 7,20 livres (8,45 euros) actuellement. Un geste en faveur des plus modestes, afin de séduire l'électorat qui a en grande partie voté en faveur du divorce avec l'Europe. Objectifs des mois à venir : stimuler la croissance à long terme et la productivité. «Nous avons choisi dans cette déclaration d'automne de donner la priorité à plus d'investissements à haute valeur ajoutée dans les infrastructures et l'innovation, ce qui contribuera directement à doper la productivité britannique», a affirmé le chancelier. Une productivité insuffisante selon lui. «Il faut cinq jours de travail à un salarié britannique pour gagner autant qu'un salarié allemand en quatre jours», a-t-il comparé. Et d'affirmer : «Il faut que ça change.»
5 milliards d’investissements publics
Theresa May avait promis un état plus interventionniste, Philip Hammond a donc annoncé le déblocage de près de 5 milliards d'euros d'investissements publics pour rénover le réseau routier, développer l'Internet à haut débit et la recherche. Du côté de l'immobilier, plus de 4 milliards d'euros vont être injectés pour la construction de 40 000 nouveaux logements et infrastructures. Il a également balayé la crainte de voir les grandes entreprises s'installer hors du Royaume-Uni en réaction au Brexit, se montrant très serein et rappelant que Google a annoncé la construction d'un nouveau bâtiment sur son campus londonien. Jusqu'à 3 000 emplois pourraient y être créés. Facebook va lui ouvrir son siège en 2017 et créer 500 emplois à travers le pays. «Je souhaite que le Royaume-Uni reste la première destination pour le business», a-t-il affirmé.