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Libération

L’ONU dénonce le «nettoyage ethnique» des Rohingyas par l’armée birmane

publié le 25 novembre 2016 à 19h16

«Nettoyage ethnique.» Un représentant de l'ONU en visite au Bangladesh a dénoncé vendredi les exactions que subit la minorité musulmane rohingya par l'armée birmane. Le même jour, de Dacca à Jakarta, des milliers de musulmans ont manifesté pour dénoncer le traitement des Rohingyas en Birmanie. La situation humanitaire de l'ethnie, catastrophique depuis des années, a empiré début octobre dans l'Etat de Rakhine, dans l'ouest du pays. Soutenues par la population, elle-même influencée par les discours haineux de bouddhistes extrémistes, les forces militaires ont entamé une violente campagne de répression.

Viols en réunion, tortures, massacres : les Rohingyas qui ont franchi la frontière bangladaise ont fait le récit des violences que leur ont fait subir les soldats birmans. Selon le Conseil européen rohingya, organisation militant pour les droits de la minorité, les forces armées auraient, depuis octobre, «brûlé plus de 2 500 maisons, tué au moins 400 personnes, brûlé des enfants vivants et violé plus de 200 femmes et jeunes filles».

Des dizaines de milliers de Rohingyas ont ainsi fui la répression birmane au Bangladesh - pas moins de 32 000, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, parqués dans des campsauxquels les ONG peinent à accéder. Face à l'afflux de ces dizaines de milliers de ressortissants, le gouvernement bangladais a décidé de renforcer les contrôles à sa frontière et a demandé à son voisin de mettre en place des «mesures urgentes» afin de faire cesser ces déplacements.

En Birmanie, l’oppression contre la minorité musulmane n’est pas nouvelle. Une loi de 1982 a privé les Rohingyas de leur nationalité, ce qui rend beaucoup d’entre eux apatrides. Et, à l’automne 2012, à cause de heurts avec des bouddhistes dans l’Etat de Rakhine, plus d’une centaine de personnes avaient été tuées et des dizaines de milliers déplacées.

Aung San Suu Kyi, ministre des Affaires étrangères et conseillère d'Etat, a promis le retour de la paix et la résolution de cette question ethnico-religieuse. Sans succès pour l'instant. «Un groupe de travail censé mener une enquête sur les violations des droits de l'homme par l'armée birmane, dans l'ouest du pays, serait en train d'être formé, affirme Camille Cuisset, coordinatrice de l'association française Info Birmanie. Mais le plus urgent pour le gouvernement est de faire parvenir de l'aide humanitaire aux Rohingyas qui sont dans une situation de détresse.»