Menu
Libération

Le long des routes cubaines, le dernier périple de Fidel Castro

par Charles Carrasco, (à Cuba)
publié le 2 décembre 2016 à 19h56

«Yo soy Fidel !» («je suis Fidel !») scande une vieille dame accrochée à son déambulateur, à l'unisson d'une foule à perte de vue, le long de la route de Camagüey. Massés sur les bas-côtés, des centaines de milliers de Cubains, parfois en pleurs, regardent passer la «Caravane de la Liberté».

Au milieu de ce cortège de sept véhicules militaires qui a traversé en sept jours 13 des 15 provinces de l’île, un coffre en cèdre, enveloppé dans un drapeau cubain, contient les cendres du père de la révolution cubaine. Destination : Santiago de Cuba, dans l’est de l’île, à 950 km de La Havane, où auront lieu les funérailles, dimanche matin.

Des paysans arrivent par dizaines dans des carrioles depuis les champs environnants. Ils disent tous être les «grands gagnants» des réformes mises en places par Raúl Castro depuis son accession au pouvoir, en 2006. «Nos machines se sont améliorées. Mon lait est passé de 1,85 peso cubain le litre à 5 pesos», reconnaît Jorge, éleveur de vaches. A la nuit tombée, des voix dissidentes, jusqu'ici discrètes par respect du deuil et par peur de la répression, se font entendre chez les jeunes, qui s'expriment sur les réseaux. Comme Norma qui attend «du changement». «On est tout le temps obligés d'être dans l'illégalité dans ce pays», déplore-t-elle, tout en espérant que «la liberté d'expression va s'améliorer».