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Libération
Témoignage

Alep «Des blessés restent sur les trottoirs»

publié le 5 décembre 2016 à 19h36

«Libération» donne régulièrement la parole aux habitants de la ville syrienne assiégée. Aujourd’hui, Brita Hagi Hassan, président du conseil local des quartiers rebelles de l’est d’Alep, de passage à Paris.

«La situation est toujours catastrophique. Le régime d’Al-Assad continue sa stratégie de terre brûlée. Il n’y a plus d’hôpital, les gens sont soignés n’importe où, dans des sous-sols d’immeubles. Des blessés restent sur les trottoirs. Il n’y a presque plus d’ambulances et de toute façon plus de carburant. La communauté internationale ne fait rien alors que 250 000 civils sont menacés de mort.

«Notre première préoccupation est de sauver la population. Il faut mettre en place un couloir d'évacuation sécurisé par l'ONU, et non par les Russes ou le régime. La plupart des civils souhaitent rejoindre d'autres zones libérées [non contrôlées par le régime, ndlr], que ce soit dans la campagne ouest d'Alep, la province d'Idlib ou vers la Turquie.

«Dans les quartiers repris, les hommes de moins de 40 ans sont arrêtés par le régime. Certains sont exécutés. Nous n’avons pas de chiffre précis. On ne peut pas communiquer avec les femmes et les enfants pour ne pas risquer de les mettre en danger. Très peu de soldats syriens ont mené l’offensive dans ces quartiers. Ce sont des miliciens chiites irakiens, libanais, iraniens… Le Conseil de sécurité de l’ONU doit réagir. Sinon, il devrait être renommé Conseil de la tuerie. C’est un permis de tuer qui a été délivré aux Russes. Il n’y a plus de droit international, l’injustice est devenue légale. Le régime syrien, ses soutiens, l’Etat islamique sont plusieurs facettes d’un même terrorisme qui a fait plus de 500 000 morts.

«En 2011, le régime a échoué à annihiler la révolution pacifique. Il a alors libéré des prisonniers jihadistes de la prison de Sednaya [près de Damas]. Cela n'a pas fonctionné. Il a fait venir des miliciens étrangers, des Iraniens, des Afghans, des Libanais. Nouvel échec. Il a reçu le soutien de l'aviation russe tout en continuant à bombarder.

«A Alep et ailleurs, les frappes ont visé les centres de défense civile, les écoles, les hôpitaux, les sièges de conseil de quartier. Le régime a tout fait pour pousser la population à l’exode. Peut-être perdrons-nous Alep dans les prochains jours, mais la révolution est une idée, elle ne va pas mourir.»