Elle ne lâche rien. L'ex-candidate du parti Vert, Jill Stein, est bien décidée à se battre pour «garantir l'intégrité du processus démocratique» de l'élection présidentielle, remportée le 9 novembre par Donald Trump avec 290 grands électeurs contre 232 pour Hillary Clinton. Estimant qu'il y avait des «preuves convaincantes d'anomalies», la candidate écolo, qui avait obtenu 0,98% des suffrages, avait demandé fin novembre le recomptage des voix dans le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Ces trois «swing states», très disputés, avaient été remportés de peu par le candidat républicain.
Un recomptage des voix qui a aussitôt suscité une levée de boucliers du côté des partisans de Trump. Alors que la procédure en Pennsylvanie était estimée par Jill Stein à 500 000 dollars, la Cour de l'Etat a demandé samedi une garantie d'un million de dollars à verser d'ici ce lundi pour ouvrir la procédure. La veille, les représentants de Trump avaient, quant à eux, demandé une caution de 10 millions, selon des documents judiciaires. Une somme exorbitante qui a, dans un premier temps, pousser Jill Stein à abandonner l'idée d'un recomptage.
«Les gens qui demandaient ce recomptage sont des gens ordinaires, avec des moyens financiers normaux. Et ils ne peuvent pas se permettre de payer la somme d'un million de dollars requise par la Cour», s'est indignée Jill Stein dans un courrier adressé samedi à la Cour du Commonwealth de Pennsylvanie. «La demande scandaleuse du juge aux électeurs de Pennsylvanie de payer une telle somme exorbitante est un obstacle honteux, inacceptable à la participation démocratique», a-t-elle ajouté sur Twitter.
The judge’s outrageous demand PA voters pay such an exorbitant figure is a shameful, unacceptable barrier to democratic participation.
— Dr. Jill Stein🌻 (@DrJillStein) December 4, 2016
Mais il en faudra plus pour faire reculer Jill Stein qui a juré «de se battre bec et ongles afin de vérifier l'exactitude, l'honnêteté et les conditions de sécurité du comptage des votes». La candidate écolo a donc finalement décidé dimanche de faire appel au niveau fédéral. «Au cours des derniers jours, il est devenu clair que les obstacles pour vérifier le vote en Pennsylvanie sont si nombreux et que le système judiciaire de l'Etat est si mal équipé pour répondre à ce problème que nous devons demander l'intervention de la Cour fédérale», explique l'avocat Jonathan Abady dans un communiqué. «Les gens méritent des réponses», a ajouté Jill Stein dans un tweet.
On Monday, I will escalate #Recount2016 in PA and file to demand a statewide recount on constitutional grounds. The people deserve answers.
— Dr. Jill Stein🌻 (@DrJillStein) December 4, 2016
Une manifestation et une conférence de presse se tiendront également ce lundi matin devant la Trump Tower, QG de Donald Trump. Le but: dénoncer les obstacles dressés par les partisans du milliardaire pour un recomptage des voix.
Join me at a rally in front of Trump Tower to demand fair elections! RSVP: https://t.co/OjPfjRdn3N #Recount2016 pic.twitter.com/EulfDnuaw1
— Dr. Jill Stein🌻 (@DrJillStein) December 5, 2016
«Escroquerie»
Ce n'est pas qu'en Pennsylvanie que le recompte des voix suscite une grande opposition. Le 1er décembre, des partisans et avocats de Donald Trump ont engagé des actions judiciaires contre le recomptage des voix dans le Wisconsin. Une requête qui a été rejetée dès le lendemain par le tribunal fédéral de l'Etat. Le recomptage des voix, entamé jeudi par la commission électorale du Wisconsin devrait se terminer au plus tard le 13 décembre.
Le procureur général du Michigan, où le recomptage des voix devrait commencer ce lundi, a quant à lui estimé qu'une requête similaire dans son Etat était injustifiée. De son côté, Donald Trump, qui qualifie la demande d'«escroquerie», accuse Jill Stein de «lever des fonds» pour son parti.
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9,5 millions de dollars
Lancée fin novembre sur le Web, la campagne de fonds de Jill Stein a été un véritable succès. La cagnotte atteint désormais un peu plus de 7 millions de dollars venant de 150 000 donateurs différents. Soit le double de ce qu'elle avait récolté pour financer sa propre campagne. Jill Stein espère au total récolter 9,5 millions.
Le 26 novembre, l'équipe d'Hillary Clinton, qui avait reconnu sa défaite, était sortie de son silence et avait annoncé participer au recomptage des voix. «Comme nous n'avons pas pu mettre en évidence des preuves suffisantes de hacking ou de tentatives de l'extérieur de manipuler les votes électroniques, nous n'avons nous-mêmes pas envisagé de saisir cette possibilité», a expliqué Marc Elias, l'avocat et conseiller dans l'équipe de campagne de Clinton, dans une tribune publiée dans Medium.
«Mais maintenant qu'un recomptage est lancé en tout cas dans le Wisconsin, nous entendons y participer pour nous assurer que le processus soit mené d'une façon juste pour toutes les parties», a-t-il poursuivi. Une déclaration qui avait provoqué l'ire de Donald Trump. «Hillary Clinton a reconnu sa défaite lorsqu'elle m'a appelé juste avant mon discours de victoire et après l'annonce des résultats», a-t-il tweeté.
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Jill Stein en a bien conscience. «Notre effort pour recompter les voix dans ces Etats n'est pas destiné à aider Hillary Clinton, explique-t-elle. Ces recomptages font partie d'un mouvement d'intégrité électorale pour tenter de mettre en lumière la faiblesse du système électoral américain.»