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Libération
Interview

Olivier Blond : «La pollution chronique tue bien plus»

publié le 6 décembre 2016 à 19h56

La circulation alternée est reconduite mercredi à Paris et dans 22 communes de la petite couronne, en raison de la persistance du pic de pollution aux particules fines et au dioxyde d’azote. Analyse d’Olivier Blond, président de l’association Respire.

Est-ce une mesure suffisante ?

C’est une mesure d’urgence, improvisée. C’est mieux que rien, les chiffres d’Airparif montrent qu’elle a un petit effet : en mars 2014 elle a entraîné une baisse de 15 % des émissions de particules PM10 et de 20 % des émissions de dioxyde d’azote. Mais elle ne cible pas les véhicules les plus polluants et défavorise les plus pauvres qui n’ont qu’une seule voiture. A partir de janvier, le dispositif des vignettes antipollution, qui sera obligatoire pour circuler à Paris en semaine, n’empêchera pas les pics mais permettra d’agir plus vite. Il sera plus efficace et plus juste.

Ceci dit, on ne devrait pas en arriver à un tel niveau de pollution. C’est absurde, tout le monde sait que le pic va arriver, on agit au dernier moment ! Il faut absolument prévenir ces situations. Et surtout, s’attaquer à la pollution chronique, celle de tous les jours, qui tue bien plus.

Quelles solutions préconisez-vous ?

La pollution de l’air provient de quatre sources majeures : l’automobile, le chauffage, l’industrie et les pesticides agricoles. Si on se cantonne à cette question des transports, en ville, il faut renforcer les transports en commun, favoriser le vélo et la marche, encourager les véhicules propres… Il y a aussi un enjeu crucial : développer le covoiturage. Une piste majeure et souvent oubliée des débats sur la mobilité, c’est l’utilisation des flottes de véhicules professionnels, qui sont renouvelées plus souvent que la moyenne et peuvent aussi servir à ce type de covoiturage. Si on arrivait à mettre le plus de personnes possible dans les voitures le matin et le soir, ce serait un grand pas.