Une semaine après le rejet massif par référendum du projet de réforme constitutionnelle qui avait entraîné la démission de Matteo Renzi, Paolo Gentiloni, le ministre des Affaires étrangères du cabinet sortant a été chargé dimanche de former le nouveau gouvernement italien. Le chef de l'Etat, Sergio Mattarella, avait laissé entendre qu'il aurait préféré une solution de continuité avec un maintien de Matteo Renzi au pouvoir. Mais au soir du scrutin, ce dernier avait clairement indiqué qu'il respecterait son engagement de campagne, à savoir laisser la place en cas de défaite : «A travers cette réforme, j'ai voulu supprimer des fauteuils, celui des sénateurs, des conseillers provinciaux […] Je n'y suis pas parvenu. Alors, c'est mon fauteuil qui saute.» Encore populaire dans son propre camp et fort d'environ 35% d'opinions dans les sondages, le Toscan aurait toutefois souhaité la dissolution immédiate du Parlement et le retour devant les électeurs. Mais Sergio Mattarella s'y est opposé, estimant qu'il fallait au préalable modifier la loi électorale, l'actuelle norme ayant été invalidée par la Cour constitutionnelle.
«Gouvernement Renzi sans Renzi»
C'est donc une solution intermédiaire qui a été trouvée à travers la désignation de Paolo Gentiloni. Le président de la République a nommé un fidèle de Matteo Renzi, le temps de réviser la loi et d'affronter quelques grands dossiers économiques (tel que la crise de la banque Monte dei Paschi di Siena) et plusieurs rendez-vous internationaux (à commencer par le sommet européen du 15 décembre et la présidence du G7 à partir de 2017. «Nous travaillerons dans le cadre du gouvernement et de la majorité [de centre-gauche, ndlr] actuelle», a indiqué dimanche Paolo Gentiloni, confirmant qu'il entendait bien se mettre dans les pas de l'équipe sortante. A tel point que l'opposition dénonce un «gouvernement Renzi sans Renzi», une sorte de cabinet light dont le Toscan tirerait les fils en coulisses.
Il est vrai que Gentiloni, discret et réservé, a été l’un des premiers responsables du Parti démocrate à rejoindre, en 2012, le jeune Matteo Renzi. En même temps, à 62 ans, l’homme est un politicien d’expérience et un fin diplomate, comme en témoigne son passage aux Affaires étrangères. Fils d’une grande famille aristocrate romaine, il a commencé son engagement très jeune à l’extrême gauche, puis est passé, dans les années 80, par l’écologie avant de se rapprocher du centre-gauche modéré puis du Parti démocrate. Longtemps porte-parole de l’ancien maire de Rome Francesco Rutelli, il a été ensuite ministre de la Communication de Romano Prodi.
«Essayer de repartir»
Pragmatique, compétent, Paolo Gentiloni était jusqu'à présent toujours resté un peu en retrait, préférant organiser les campagnes électorales. C'est poussé par Matteo Renzi qu'il a accepté de former le nouveau gouvernement. L'ancien maire de Florence espère toutefois que ce cabinet Gentiloni aura une durée de vie limitée. De son côté, il va s'employer dans les prochaines semaines à tenter de consolider son leadership sur le PD alors que ses adversaires internes voudraient lui faire payer son échec au référendum. Dans un message Facebook, Matteo Renzi a donné rendez-vous à ses amis pour «essayer de repartir» laissant entendre qu'il n'a pas abandonné l'espoir de revenir un jour au pouvoir.