Les employés d’Uber peuvent-ils traquer les utilisateurs de l’application ? Sans difficultés, assure Ward Spangenberg, un ex-employé chargé de la sécurité informatique de la société. Embauché en mars 2015 et licencié onze mois plus tard, il accuse l’entreprise américaine de licenciement abusif. Uber, de son côté, explique lui avoir montré la sortie pour violation du code de conduite, l’employé ayant formaté son ordinateur, et ainsi supprimé ce qu’il y avait dedans. Un prétexte, assure Ward Spangenberg, qui estime avoir été renvoyé parce qu’il avait fait part à sa hiérarchie de problèmes concernant la sécurité des données des clients.
Dans une déclaration écrite à la justice, Ward Spangenberg affirme ainsi que les employés sont capables, grâce aux données collectées par l'appli, de traquer leurs proches mais aussi des hommes et des femmes politiques ainsi que des célébrités. Ainsi, les trajets de Beyoncé auraient été passés à la loupe, raconte le site américain Reveal, s'appuyant sur les déclarations de plusieurs ex-responsables de la sécurité d'Uber. Michael Siercho, qui y travaillait pendant la même période que Spangenberg, explique que des milliers d'employés peuvent fouiller dans la base de données. «Quand je travaillais pour l'entreprise, dit-il, on pouvait espionner un(e) ex et regarder les courses de n'importe qui […], ça ne nécessitait l'accord de personne.» La politique d'Uber reposerait en fait sur un système de confiance, l'entreprise n'empêchant pas concrètement les employés d'obtenir des infos sur les clients.
Ce n’est pas la première fois qu’Uber est accusé d’avoir des problèmes avec le respect de la confidentialité des données de ses utilisateurs. En interne, le logiciel qui permet de localiser clients et chauffeurs a un nom évocateur : God View. La dernière mise à jour de l’application n’a en tout cas rien de rassurant. Depuis le 24 novembre, Uber peut non seulement localiser ses utilisateurs lorsqu’ils sont en train de consulter l’appli mais aussi quand elle est «en arrière-plan» pendant le trajet et jusqu’à cinq minutes après la fin de la course.