Il avait déjà provoqué la stupeur lorsqu'il avait pris l'an passé le contrôle de Telecom Italia, le premier opérateur transalpin. Cette fois, c'est un vent de panique que Vincent Bolloré a fait souffler en Italie, avec son offensive éclair menée depuis lundi sur Mediaset, l'empire de communication de Silvio Berlusconi qui possède notamment les trois principales chaînes privées du pays (Canale 5, Italia 1 et Rete 4). Dans la presse italienne, «l'arrivée des Français» a même éclipsé le vote de confiance accordé au nouveau gouvernement Gentiloni.
En prenant en deux temps et en moins de 48 heures plus de 20 % de Mediaset et en annonçant vouloir en devenir le second actionnaire «industriel», le Breton a suscité un tir de barrage. Dans la presse de droite, le ton face à cette «escalade hostile» est particulièrement polémique. Pour Il Giornale, propriété du frère cadet de Silvio Berlusconi, «Bolloré veut tout : téléphonie, internet, information et télévision. Mais personne ne dénonce le risque qu'il fait courir au pays». Au passage, le journal ressort de vieux fantasmes xénophobes soulignant que Bolloré «a grandi à l'école de la finance internationale juive» d'Antoine Bernheim, le grand banquier de Lazard.
Mais même le quotidien progressiste la Repubblica s'inquiète de «la campagne d'Italie des Français» dont le chef de file serait Bolloré : «Si en France Mediaset avait décidé de partir à l'assaut de Vivendi, il est fort probable qu'à Paris, des barrières réglementaires et politiques auraient été levées pour empêcher qu'un actif important finisse dans des mains étrangères.»
Du côté de Mediaset, on déploie une contre-offensive juridique. La holding familiale Fininvest a déposé une plainte contre Vivendi pour «manipulation du marché». Vincent Bolloré est soupçonné d'avoir délibérément fait échouer l'accord stratégique signé en avril pour faire chuter le cours de Mediaset Premium, filiale de télévision payante.