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Libération
Interview

Nina Walch «Le public a l’impression de ne rien pouvoir changer»

publié le 14 décembre 2016 à 20h56

Nina Walch est coordinatrice crises et conflits armés à Amnesty International, qui organisait mercredi à Paris une nouvelle manifestation assez suivie en soutien aux habitants d’Alep.

«Ça fait cinq ans qu'on a du mal à mobiliser sur la Syrie… On avait pourtant réussi à organiser une grande manifestation début 2012. L'indignation est toujours forte au début : dix morts, cent morts, mille morts… Et puis ça devient des dizaines, des centaines de milliers. Une lassitude s'est installée. Et puis, une crise en chasse une autre, d'autres conflits existent, certains sont d'ailleurs beaucoup moins couverts par les médias, comme le Yémen. Mais pour la Syrie, le public a l'impression de ne rien pouvoir changer. Les gens ne voient pas forcément l'intérêt de montrer leur indignation. On a du mal à donner un visage au conflit syrien, parce qu'il y en a trop. Le public est saturé d'horreurs, cela diminue la réaction. Il reste quelques moments d'émotion collective, comme avec Aylan Kurdi [l'enfant syrien dont la photo, gisant noyé sur une plage grecque, a ému le monde entier en septembre 2015, ndlr]. On voit que là où ça bloque, c'est en Russie. Avec une population sensibilisée, si on met plus de pression sur les gouvernements, peut-être que ceux-ci pourront mettre plus de pressions sur la Russie.»