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Libération

Les Etats-Unis veulent contrôler les voyageurs sur les réseaux sociaux

publié le 27 décembre 2016 à 20h26

Ce sont deux nouvelles petites cases apparues le 20 décembre dans un long formulaire en ligne. Mais pas n'importe quelles cases et, surtout, pas n'importe quel formulaire. Il s'agit de l'Electronic System for Travel Authorization (Esta), le recueil des données que doit remplir tout voyageur vers (ou via) les Etats-Unis voulant bénéficier du programme d'exemption de visa, qui concerne 38 pays dont la France. Les deux nouvelles cases permettent de sélectionner un réseau social et de renseigner son identifiant. On peut ensuite rajouter d'autres services. La démarche est, pour l'instant, «facultative».

Le projet remonte à août et avait déclenché une levée de boucliers. Les géants d'Internet avaient considéré que cette nouvelle demande d'information allait avoir «un effet de dissuasion sur l'usage des réseaux sociaux, le partage et, au final, la liberté d'expression en ligne». Plusieurs associations de défense des libertés avaient réagi de conserve : «Ce programme mettrait en péril la vie privée individuelle et la liberté d'expression.» Rien n'y a fait. L'administration Obama a validé le projet du département de la Sécurité intérieure et le formulaire a bien intégré la nouvelle demande de l'Esta. C'est que l'argument principal qui a précédé ce projet contient le sésame à toutes les atteintes à la vie privée : «terrorisme».

Tout commence en effet au moment de la tuerie de San Bernardino le 2 décembre 2015, où 14 personnes ont été tuées et 21 blessées par le couple Tashfeen Malik et Syed Rizwan Farook, se revendiquant de l'Etat islamique. Le 12 décembre, le New York Times révèle que, malgré trois contrôles poussés, lors de son entrée sur le territoire en 2014 et à l'occasion de sa demande de Green Card un peu plus tard, les autorités seraient passées à côté de communications sur les réseaux sociaux de Tashfeen Malik prônant le jihad violent. La machine était lancée. Il fallait renforcer le contrôle des entrants sur le territoire en l'étendant à leur activité en ligne. Peu importe si, finalement, quelques jours plus tard, le FBI précisait que ces échanges avaient eu lieu sur des messageries privées et non des plateformes publiques…