Les écrans noirs de la cavale d’Anis Amri se dissipent peu à peu. Mercredi, de nouvelles informations, essentiellement délivrées par les enquêteurs allemands et italiens, ont permis de connaître plus en détail l’itinéraire du tueur du marché de Noël de Berlin. Le Tunisien de 24 ans, qui a jeté son camion dans la foule le 19 décembre – faisant 12 morts et 48 blessés – aurait donc quitté l’Allemagne pour les Pays-Bas. Sans que l’on ne sache pour l’instant ni quand ni par quel moyen, Anis Amri a gagné la ville de Nimègue, située à une heure au sud-est d’Amsterdam. Les policiers allemands estiment qu’il a pu traverser la frontière au niveau d’Emmerich, une commune de 30 000 habitants bordée par le Rhin.
Ce sont des cartes SIM, distribuées à l’occasion d’une opération promotionnelle, et retrouvées dans le sac d’Anis Amri, qui ont conduit les enquêteurs à s’intéresser à Nimègue. Ces puces ont été placées sous scellés tôt vendredi 23 décembre, après qu’un policier italien en formation a abattu Anis Amri présent, à la stupeur générale, à Sesto San Giovanni, dans la banlieue de Milan. Le terroriste a sans nul doute profité de la confusion née de ses six fausses identités – quatre égyptiennes, une libanaise et une tunisienne – pour s’extraire du territoire allemand. Il ne fallut pas moins de trente heures aux autorités allemandes pour émettre l’avis de recherche européen.
Un bus de nuit entre Nimègue et Lyon
Le 21 décembre au soir, Amri quitte la gare routière de Nimègue dans un autocar de la compagnie Flixbus. Son sac, contenant le revolver avec lequel il tirera sur le policier italien, n’est pas fouillé. Actuellement, les enquêteurs tentent de retrouver les autres passagers du bus afin de les auditionner. Des investigations sont également diligentées pour déterminer si oui ou non, le trajet jusqu’à Lyon incluait des haltes à Bruxelles et Paris.
Toujours est-il que près de quinze heures plus tard, Anis Amri réapparaît de façon certaine à la gare de Lyon Part-Dieu. Les caméras de vidéosurveillance le saisissent alors distinctement, muni d’un sac à dos et bonnet vissé sur la tête. Aux alentours de 13 heures, ce jeudi 22, le Tunisien achète en liquide un billet à destination de Milan. Il transitera ensuite par les gares de Chambéry, Bardonecchia (où sa brève halte suscite de nombreuses interrogations), puis Turin, où il est à nouveau filmé par une caméra à 22h14. Enfin, Amri embarque dans une dernière correspondance pour Milan, avant d’emprunter un bus urbain jusqu’à Sesto San Giovanni. Là, il tombe sous les balles du policier Luca Scatà, 29 ans, venu avec son collègue Christian Movio lui demander sa pièce d’identité. Il est un peu plus de trois heures du matin.
Un potentiel complice interpellé
A ce stade, il semble que le tueur de Berlin ait effectué l'ensemble de son périple seul. Néanmoins, la question d'éventuelles complicités se pose pleinement puisque, selon RFI, la police judiciaire allemande a la conviction qu'Amri a tenté de se procurer des fusils-mitrailleurs en France en mars 2016. En Allemagne, les policiers ont en outre interpellé un Tunisien de 40 ans ce mercredi. «Le défunt Anis Amri avait sauvegardé dans son téléphone mobile le numéro de ce ressortissant. Les investigations laissent penser qu'il pourrait être lié à l'attentat», a indiqué le parquet fédéral. Son domicile et son commerce ont été perquisitionnés.