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biodiversité

Le guépard bientôt au bord de l'extinction

Des études alarmantes pointent la chute des effectifs de ce félin, victime du braconnage, d'effets de mode et de la réduction drastique de son habitat.
Un guépard dans la réserve de protection d'Otjiwarongo, en Namibie, en février. (Photo Gianluigi Guercia. AFP)
publié le 28 décembre 2016 à 18h13

Le mammifère le plus rapide sur terre (il fait des pointes à 130 km/h) est mal en point. Il n'existe plus que 6 700 guépards adultes et adolescents sur la planète, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Une étude publiée le 26 décembre par la Société zoologique de Londres et l'organisation de défense de l'environnement Wildlife Conservation Society en dénombre de son côté 7 100.

Conflits et disparition de son habitat

Les guépards subissent la disparition et la fragmentation de leur habitat, sous la pression de projets d'infrastructures et de mines, de leurs proies qui en souffrent aussi, et des conflits récurrents avec les fermiers. Présents principalement dans le sud de l'Afrique, on les trouve aussi dans le reste du continent et en Iran. En quelques décennies, ils ont disparu en Afghanistan, Burundi, Cameroun, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Inde, Irak, Israël, Jordanie, Kazakhstan, Koweit, Malawi, Mauritanie, Maroc, Nigeria, Pakistan, Rwanda, Arabie Saoudite, Sénégal, Sierra Leone, Syrie, Tadjikistan, Tunisie, Turkménistan, Ouzbékistan et au Sahara occidental.

Classés «vulnérables» sur la liste rouge de l’IUCN depuis 1986, les guépards ont perdu en un siècle 89% du territoire qu’ils occupaient. Les sous-espèces qui vivent en Iran, en Afrique du Nord et de l’Ouest sont même considérées «en voie d’extinction», dernier échelon avant l’extinction à l’état sauvage.

Animal de compagnie

Leur espérance de vie actuelle est en moyenne de 14 ans pour les femelles, et 10 ans pour les mâles. Elle pourrait encore diminuer alors que l'IUCN observe, depuis plusieurs années, une augmentation du commerce international illégal de guépards sauvages. Ils sont tués pour leur peau ou gardés vivants pour servir d'animaux de compagnie. Dans les Etats du Golfe, c'est même devenu une mode. Barhein, Koweit, Oman, Quatar, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis sont pourtant tous membres de la Cites, l'organisation qui régule le commerce international des espèces sauvages, et se doivent d'en respecter les règles. Or le guépard est classé dans l'Apppendice I de la Cites, ce qui signifie que son commerce international est totalement interdit. En plus de cela, les animaux de compagnie vivent moins longtemps qu'à l'état sauvage car leurs «propriétaires» ne connaissent généralement pas leur régime alimentaire. «Nourris uniquement de volailles, certains guépards souffrent de paralysie totale ou partielle des membres inférieurs, à cause de lésions dans leur moëlle épinière», a observé l'IUCN.

Au Soudan, les chaussures traditionnelles masculines sont faites de peau de félidé tachetée. Pour l'IUCN, la popularité de cet accessoire «est assez importante pour constituer une menace pour les populations de guépards vivant dans les pays voisins».

Pour que la protection de l'espèce soit renforcée, la Société zoologique de Londres et la Wildlife Conservation Society demandent à ce que les guépards passent de la catégorie «vulnérable» à «en danger», sur la liste rouge de l'IUCN. Il existe déjà 14 plans nationaux de conservation en Afrique, notamment au Kenya et en Ethiopie, où sont chassés illégalement certains spécimens pour le commerce. La Somalie, principal pays où a lieu le braconnage, n'a en revanche pas de programme de protection pour ce grand chat.