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Libération

Turquie/ Putsch manqué et meurtre en direct

publié le 30 décembre 2016 à 17h16

C'est une nuit d'été qui a fait basculer la Turquie dans une nouvelle ère. Pourtant, le coup d'Etat fomenté contre le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, le 15 juillet, a échoué. Des militaires ont beau, en quelques heures, bombarder le Parlement à Ankara et faire rouler leurs chars sur les ponts et les places d'Istanbul, leur tentative de putsch tourne au fiasco. Il est minuit passé quand Erdogan apparaît en direct sur l'écran d'un téléphone brandi par une présentatrice de CNN Türk : répondant à son appel, la foule remplit les rues, et ose affronter les soldats. On compte au moins 290 morts. «La démocratie est sauvée», titre la presse turque le lendemain. Erdogan triomphe. Et en profite pour se lancer dans une répression implacable. Les autorités accusent l'influent chef d'une confrérie islamiste, Fethullah Gülen, réfugié aux Etats-Unis, d'avoir orchestré le putsch. Ses partisans sont débusqués, notamment au sein de l'armée et de la police. Mais la purge s'emballe : des dizaines de milliers de Turcs sont jetés en prison. Les médias ferment les uns après les autres. Enseignants, magistrats, journalistes, écrivains, élus prokurdes… Toute voix dissidente est désormais étouffée.

En 2016, la Turquie a aussi été frappée par dix-neuf attentats : quatorze attribués par les autoritésau Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), quatre à l'Etat islamique. Et le dernier, le 19 décembre, s'est déroulé devant une caméra : un policier de 23 ans a tué de plusieurs balles dans le dos l'ambassadeur de Russie, Andreï Karlov, qui inaugurait une exposition à Ankara. «Revanche pour Alep»,a-t-il crié avant d'être abattu.