Menu
Libération

A la paroisse de Padoue, des orgies après l’hostie

par Martina Castigliani et Guillaume Reuge
publié le 4 janvier 2017 à 20h37

Sex-toys, fouets, chaînes, vidéos porno amateur classées selon des noms de papes… C'est la découverte faite par les policiers de Padoue, dans le nord-est de l'Italie, au dernier étage du presbytère de la paroisse San Lazzaro, dont le prêtre Andrea Contin avait la charge. Ce religieux de 48 ans est empêtré depuis un mois dans un scandale sexuel d'ampleur. Tout est parti d'une dénonciation d'une paroissienne, qui avait contacté le prêtre après son divorce dans l'espoir de trouver du réconfort. S'ensuivirent une relation amoureuse et des rapports sexuels qui, selon elle, sont devenus de plus en plus extrêmes et violents. Elle avertit la Curie (les hautes instances de l'Eglise italienne), sans obtenir de réponse, et prévient alors la police. Le parquet de Padoue ouvre une enquête pour «violence psychologique» et «proxénétisme».

Contin est accusé d'avoir «offert» plusieurs de ses maîtresses à d'autres hommes contre rémunération et d'avoir organisé des orgies. Les enquêteurs doivent déterminer si la participation aux soirées était payante. Trois femmes ont déjà témoigné - l'une d'elles n'a pas souhaité porter plainte. Le nombre de victimes pourrait rapidement atteindre la vingtaine, selon le journal Il Mattino di Padova. Le prêtre, qui aurait aussi utilisé des sites de rencontre en ligne pour proposer des échanges libertins, voyageait avec ses maîtresses à Rome et au Cap-d'Agde, haut-lieu libertin. Contin n'y a pas laissé un souvenir impérissable. Joints par Libération, les clubs de divertissement pour adultes ne se souviennent pas de ce visiteur parmi la masse annuelle de touristes. Les Italiens constituent une bonne partie de la clientèle étrangère du Cap-d'Agde, avec les Allemands et les Espagnols. Le prêtre, connu pour son charisme, était à la tête de la paroisse de 1 500 fidèles depuis dix ans. Selon les témoignages, il aurait continué ses activités scabreuses jusqu'à la fin du mois de novembre. La Curie était au courant : le secrétariat de l'évêque a précisé qu'une enquête préliminaire avait été lancée. Selon le droit canonique, il s'agit d'une investigation sur la conduite morale lancée sans que la police n'en soit avertie : «Depuis le Patti Lateranensi [traité de souveraineté signé en 1929 entre l'Italie et le Vatican, ndlr], explique la Curie, on ne donne des informations aux autorités de l'Etat italien seulement si on a l'autorisation de tous les protagonistes.» Selon les médias nationaux, Contin aurait été invité par le passé à se faire soigner, mais cette précision n'a pas été confirmée.

Padoue, ville de brouillard et d'églises, vient déjà d'être fragilisée par une crise politique ayant poussé avant Noël le maire d'extrême droite (Ligue du Nord), Massimo Bitonci, à quitter son poste. Ce dernier assure à Libération n'avoir jamais été au courant de la situation : «J'ai été très surpris, j'ai rencontré deux fois le prêtre et je ne peux pas dire que je le connaisse. C'est un coup très dur pour les fidèles de Padoue. En tout cas, il y a une enquête et il faut attendre que l'accusation soit démontrée.» L'évêque de la ville, Claudio Cipolla, absent lors des célébrations de Noël, a fait lire un prêche : «Il a le droit d'être entendu par le parquet et de se défendre des accusations auxquelles son nom est associé afin que la vérité soit faite.»

Contin a pour le moment démissionné de sa fonction de dirigeant de la paroisse, et serait parti en Croatie, dans sa famille. Contacté par Libération, son avocat, Michele Godina, n'a pas souhaité faire de commentaire. Comble de l'histoire, l'ecclésiastique était arrivé dans cette paroisse en remplacement d'un autre prêtre controversé, Paolo Spoladore. Plus connu sous le nom de «Don Rock» pour sa façon d'exprimer sa foi en chansons, il avait été exclu du Vatican après la découverte de sa paternité.