Le président de la République allemand, Joachim Gauck, a annoncé mardi la mort de l'ancien président de la République de 1994 à 1999, qui s'est éteint à Iéna à l'âge de 82 ans. Dans son discours, le Président a salué «une personnalité marquante qui a façonné l'image que l'Allemagne a d'elle-même et la coexistence au sein de [la] société». La chancelière, Angela Merkel, a quant à elle salué un «patriote».
Une carrière d’homme politique et de magistrat
Né le 5 avril 1934 dans la ville de Landshut, en Bavière, Herzog a été le premier président de la République fédérale à avoir été enfant à l’époque de la Seconde Guerre mondiale et non combattant. Etudiant en droit à l’université de Munich puis professeur de droit, Herzog entre en politique grâce à Helmut Kohl. Son rôle au sein de la CDU, le parti chrétien-démocrate, le conduit à devenir ministre de la Culture du Land de Bade-Wurtemberg, puis ministre de l’Intérieur de ce même Land. En 1987, après avoir exercé des fonctions de juge, il devient président de la Cour constitutionnelle fédérale, l’équivalent du Conseil constitutionnel, avant de devenir en 1994 le premier président de l’Allemagne post-réunification. Il succède à Richard von Weizsäcker. Il ne fait qu’un mandat à la présidence de la République et se retire de la vie politique en 1999.
«L’Allemagne doit se secouer»
C'est un discours du 26 avril 1997 qui fait rentrer Roman Herzog dans l'histoire contemporaine allemande. Le président de la République dénonce la frilosité de son pays au changement. Celui-ci, estime-t-il, est nécessaire pour sortir l'Allemagne de la stagnation économique qui caractérise la fin de l'ère Kohl. Après seize années au pouvoir, l'Allemagne de Kohl connaît un chômage de masse. Le président voit dans le dynamisme économique de l'Asie un négatif de la morosité allemande. «L'Allemagne doit se secouer» pour sortir de la «paralysie» préconise-t-il, déplorant que «le pessimisme [soit] un état d'esprit normal [en Allemagne]». Cette prise de position aura un écho quelques années plus tard, lorsque le gouvernement de Gerhard Schröder engage des réformes du marché du travail.
Défenseur du devoir de mémoire
Le mandat de Herzog a été marqué par une défense du devoir de mémoire en Allemagne. Herzog s'est employé à rappeler ce dernier à ses compatriotes. En 1994, il se rend en Pologne pour commémorer le 50e anniversaire de l'insurrection de Varsovie et critique les revendications d'Allemands expulsés des territoires perdus après la Seconde Guerre mondiale qui réclament des réparations. Il marque les esprits en 1995 en décidant d'assister à une cérémonie juive dans l'ancien camp d'extermination pour marquer les cinquante ans de la libération du camp d'extermination, plutôt que d'assister à la cérémonie officielle organisée par le gouvernement polonais. Il fait du 27 janvier (jour de la libération d'Auschwitz) la journée annuelle du souvenir pour les victimes de la Shoah en 1996 ; et est le premier à souligner, l'année suivante, le caractère raciste du génocide des Tziganes, de même nature que celui des Juifs.