La première conférence de presse du nouveau président élu le 8 novembre était très attendue. Le milliardaire populiste n'a rien perdu de sa verve, de son ego, et de son sens du stand up, qui ont ponctué ses meetings de campagne. Surtout, il a de nouveau entonné sa rhétorique préférée des médias «malhonnêtes». Le nouveau président a en effet refusé de répondre à un journaliste de CNN et a qualifié Buzzfeed de «pile de détritus sur le déclin», en référence à la divulgation du rapport de 35 pages sur les liens entre Trump et le Kremlin par le site et repris par CNN. Des attaques qui n'ont pas laissé les éditorialistes du monde entier indifférents, beaucoup s'inquiétant de cette déclaration de guerre aux médias. Revue de presse.
Etats-Unis
Pour le New York Times, Trump a finalement, lors de cette conférence de presse, été égal à lui-même. «Si quelqu'un espérait encore que les responsabilités impressionnantes et la dignité de la présidence pourraient modérer, voire rendre humble Donald Trump, sa première conférence de presse en tant que président élu, mercredi a dû être un choc. Pompeux, vaniteux et instable, Trump a joué le même personnage de petit écran qu'il a offert au public pendant des années», peut-on lire dans son édito du 11 janvier.
Le New York Post titre sur «la guerre ouverte entre Trump et les médias». Et estime que cette conférence de presse a prouvé que Trump «n'est pas et ne sera jamais faible». Alors que les «chiens de garde des médias démocratiques hurlaient les allégations sordides et non vérifiées impliquant la Russie», Trump et son équipe ont nié fermement les accusations et ont réussi, selon le journal, à braquer les projecteurs à la fin de la conférence de presse non plus sur le président élu mais sur le manque d'intégrité (supposé) des médias et des agences de renseignement du gouvernement. «Trump en sort intact et encore plus fort», conclut le journaliste.
Tomorrow's cover story: It's open war between the media and Donald Trump https://t.co/hh9JfkINBS pic.twitter.com/8qIYEjHkNC
— New York Post (@nypost) January 12, 2017
Au point que le magazine Politico s'interroge lui sur l'intérêt même des conférences de presse sous la présidence Trump, lequel vient rompre avec l'exercice traditionnel de ses prédecesseurs.
Royaume-Uni
Le Guardian s'inquiète lui aussi des attaques publiques contre les journalistes, qui «rappellent la façon dont les tyrans du monde entier traitent leurs médias». Pour le journal, Trump et son équipe avaient le droit de réfuter des informations non vérifiées, qui plus est très dommageables pour le président élu. «Mais ils ne se sont pas arrêtés là», déplore la journaliste, qui relate le moment où Trump a refusé de répondre à une question de Jim Acosta, un journaliste de CNN, déclarant : «Je ne vous donne pas la parole, silence, vous donnez des fausses informations.» Le reporter a affirmé par la suite qu'on l'avait menacé de le jeter hors de la conférence s'il réessayait de poser une question.
Espagne
El Pais qualifie la première conférence de Trump de «début déplorable» dans un éditorial assassin. «Pendant sa première conférence de presse, il a fait le contraire de ce qu'on attendrait de la part de quelqu'un qui va occuper une position si importante, déplore le journal. Il a été grossier avec les journalistes, il a parlé de façon vulgaire, il n'a pas été respectueux et a proféré des menaces». Avant d'ajouter : «Plus Trump s'approche de la Maison Blanche, plus les préoccupations sont justifiées.»
Pour El Mundo, la conférence de presse se résume à ce titre : «Donald Trump contre le reste du monde». «Ses lignes politiques peuvent être remplacées par un seul mot, c'est-à-dire non». L'éditorial va plus loin : «C'est difficile de penser qu'on est en face de l'homme le plus puissant de la planète. Il continue avec la même imprudence de la campagne électorale. Il attaque tout le monde sans être conscient des conséquences de ses actions et de ses déclarations.»
Italie
En Italie, les journaux s'amusent de la ressemblance entre le président élu et l'ancien Premier ministre italien, Silvio Berlusconi. Le journal en ligne il Fatto Quotidiano, liste plusieurs points communs entre les deux hommes, tels que la décision de céder leurs entreprises à leurs enfants, la volonté de créer plus d'emplois ou encore les attaques contre la presse. A l'instar de Trump, Berlusconi avait également démenti les allégations sur ses frasques sexuelles. «Cela avait l'air d'une conférence de presse de Berlusconi, écrit le journal. Les affinités entre les deux politiciens sont toujours plus évidentes.»
Même idée soutenue par l'éditorialiste de la Repubblica, Francesco Merlo, qui titre : «Donald prend des cours de Silvio.» «Avec l'arrivée sur la scène du "lettone" [un grand lit, ndlr] de Poutine, le masque italien se superpose à celui américain», écrit-il. «Trump affirme qu'il s'agit de "fake news". Mais enfin c'est toujours le contexte qui rend crédible ce qui est incroyable.» Et il ajoute : «Personne au début n'avait cru au bunga bunga [terme utilisé pour désigner les parties fines organisées dans les résidences du Cavaliere, ndlr] de Berlusconi», faisant référence au scandale du Rubygate.