Un commandant condamné, un héros muté sans promotion, un navire démantelé. Cinq ans après le naufrage du Costa Concordia en face de l'Ile du Giglio, en Italie, que reste-t-il de la tragédie qui a fait 32 morts ? Le 13 janvier 2012, à 21h43, le bâtiment, avec 3 216 passagers et 1 013 membres de l'équipage à bord, heurte des rochers et s'échoue. Le commandant Francesco Schettino, accusé par la suite d'avoir exécuté de mauvaises manœuvres, est l'un des premiers à quitter le navire. Un chef de la garde côtière italienne, Gregorio De Falco, lui donne l'ordre, par téléphone, de retourner à bord pour coordonner les opérations de sauvetage. Au lieu de quoi Schettino prend un taxi et se réfugie dans un hôtel.
Où est le navire aujourd’hui ?
Le bâtiment - 114 000 tonnes, 298 mètres de longueur et 36 mètres de largeur - a été totalement démantelé fin 2016. En septembre 2013, rien que le redressement de la structure a duré 19 heures. En juillet 2014, l'épave a été transférée de l'île du Giglio, en Ligurie, au port de Gênes, pour être démontée. 82 % des matériaux ont pu être récupérés.
Qu’est devenu l’ancien commandant Francesco Schettino ?
L'ancien capitaine du Costa Concordia a été condamné à 16 ans de réclusion en février 2015 pour «homicide multiple, naufrage et abandon du navire», alors que le parquet avait requis 27 ans de prison ferme. Le procureur général a fait appel à la Cour de cassation italienne, qui se prononcera en avril 2017. Les avocats de Schettino ont fait appel eux aussi pour demander l'annulation complète du procès. Schettino attend le verdict chez lui, dans le sud de l'Italie, et ne s'exprime plus publiquement. Il avait créé la polémique en juillet 2013, quand il avait participé à une conférence à l'université de Rome pour parler du naufrage du Costa Concordia en tant qu'expert. En juin 2015, il avait également signé un livre, Le verità sommerse, «Les vérités submergées», sur la «véritable» histoire du naufrage.
Et le chef de la garde côtière?
Le héros de cette histoire est Gregorio De Falco. Chef de la garde côtière de Livourne à l'époque, il a été le premier à avoir eu le commandant Schettino au téléphone, pendant la tragédie. «Remontez à bord, bordel», avait-il ordonné. Mais le capitaine deserteur n'avait pas obéi. Ce dialogue ahurissant, découvert quelques jours plus tard par la presse italienne, a été repris par les médias du monde entier. De Falco est devenu immédiatement un héros, symbole de la probité et de l'intégrité d'un officier de la marine, par opposition à l'incompétence et la lâcheté incarnés par le capitaine «criminel» qui a abandonné son navire. Mais au lieu de le promouvoir, la marine militaire l'a muté à un poste logistique. Dans une rare interview accordée ce vendredi au quotidien italien Il Fatto Quotidiano, il rappelle: «J'ai seulement accompli mon devoir. Le problème, c'est qu'en Italie, souvent, ceux qui ont des responsabilités ne les assument pas.»
Et les survivants ?
L’entreprise propriétaire du navire échoué, Costa Croisières, a été condamnée à payer des indemnisations aux passаgers et aux membres de l’équipage. Au total, 84 millions d’euros ont été versés aux 3586 survivants qui ont eu leur indemnisation - les autres attendant encore. La municipalité de l’Ile du Giglio a obtenu 300 000 euros de dédommagements pour préjudice moral, alors que le maire avait demandé 20 millions d’euros. Ces sommes ne sont pas définitives et pourraient changer, selon le verdict de la Cour de cassation.