Une victoire pour les conservateurs, pour l'Italie, mais surtout pour Forza Italia, le parti dirigé par Silvio Berlusconi. Antonio Tajani, un très proche de l'ancien président du Conseil des ministres, a été élu mardi président du Parlement européen. Il succède au socialiste Martin Schulz. «C'est une victoire très importante pour nous», explique Mariastella Gelmini, une députée de Forza Italia à Libération. «Antonio Tajani va incarner l'Europe, mais aussi toutes les valeurs auxquels nous croyons. Il est pragmatique et équilibré.»
Catholique conservateur, militant monarchiste durant sa jeunesse, Tajani, 63 ans, est un fidèle de Berlusconi. En 1994, quand le milliardaire italien lui demande de devenir son porte-parole, il est alors rédacteur en chef de il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi. Il n'a jamais lâché son ancien patron depuis, enchaînant les mandats de député européen en 1994, 1999, 2004 et 2014. Il a également été commissaire européen aux transports puis aux industries. Il avait alors renoncé à ses indemnités de 468 000 euros. «On est dans une période de crise économique», avait-il déclaré. Les politiciens doivent montrer l'exemple». En 2001, sa tentative de briguer la mairie de Rome s'était soldée par un échec au second tour.
Le nouveau président du Parlement européen est un rouage fondamental de Forza Italia. Membre du conseil du parti, il s'oppose systématiquement à tous ceux qui demandent la démission de Berlusconi. Depuis plusieurs mois, Forza Italia est englué dans une guerre interne pour le contrôle du parti. «Les électeurs nous demandent de changer et de nous renouveler, explique Silvia Sardone, jeune conseillère municipale à Milan. Cela ne signifie pas qu'il faille chasser les politiciens compétents parce qu'ils sont là depuis longtemps. Tajani par exemple : on a besoin de son expérience et son élection est un résultat important. Il faut simplement se libérer de qui ne met pas de la passion dans ce métier et de qui ne parle plus avec les électeurs». Fragilisé, Berlusconi a enchaîné les coups durs ces derniers mois : sortie de la coalition du gouvernement à la fin 2013, popularité en berne (11%) et rupture du pacte pour les réformes avec l'ancien Premier ministre Matteo Renzi. Il pourra compter sur le nouveau président du Parlement européen pour l'aider à se relancer.