Traité de «kapo» par Silvio Berlusconi en 2003, l'Allemand Martin Schulz sera remplacé à la présidence du Parlement européen par un lieutenant du «Cavaliere». L'Italien Antonio Tajani, candidat du Parti populaire européen (PPE), a été élu président du Parlement européen mardi, par 351 voix contre 282. Tajani est entré en politique en 1994, directement dans le clan du «Cavaliere». Il travaille alors à Il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi. En janvier 1994, il s'installe dans la villa lombarde de l'homme d'affaires et fait partie du petit cercle des fondateurs de Forza Italia, qui triomphe deux mois plus tard aux législatives. Il est alors nommé porte-parole du chef et parachuté coordinateur du parti dans le Latium.
C'est un retour à sa passion pour la politique initiée à la fin des années 60 au collège. Il s'en était éloigné pour passer une maîtrise de droit avant de s'engager dans l'armée, puis de choisir le journalisme. Envoyé pour le compte d'Il Giornale à Palerme durant les années 80, il participe à la campagne de presse menée contre le pool antimafia de Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Antonio Tajani aurait dû embarquer en 1994 avec Forza Italia dans le nouveau Parlement italien. Mais une erreur administrative va décider de son aiguillage vers la politique européenne.Silvio Berlusconi lui offre un siège à Strasbourg.
Au cours des années suivantes, il multipliera les tentatives pour rentrer en Italie, en vain. Résigné, il prend des cours de langue et sait rester à l’abri de la tempête italienne lorsque l’étoile du Cavaliere pâlit. Commissaire européen, il s’engage dans la lutte contre la contrefaçon, ou parvient à sauver des emplois à Gijon. Pour le remercier, une «calle Antonio Tajani» a été inaugurée en Espagne. L’homme de Berlusconi parvient ainsi à s’imposer dans le paysage politique européen malgré son manque de charisme.
En 2011 et 2012, il œuvre en coulisses au sein de la famille populaire pour maintenir des rapports entre le Cavaliere et Angela Merkel, devenus exécrables. Ce qui lui permettra en 2014 d'être désigné vice-président du groupe du PPE avant d'être élu mardi au fauteuil de Martin Schulz. «C'est la revanche du bûcheur», affirme Il Giornale. Pour y parvenir, Antonio Tajani a cherché à faire un peu oublier son passé berlusconien.