Les assauts se succèdent depuis samedi. Attaquant sur plusieurs fronts, l’Etat islamique (EI) tente de s’emparer de Deir el-Zor, la plus grande ville de l’est de la Syrie. Les jihadistes encerclent l’aéroport militaire et ont pris le bâtiment de la compagnie d’électricité, situé à proximité. Les combats auraient tué 46 soldats et miliciens loyalistes, 75 jihadistes et plus de 30 civils en cinq jours, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le site d’opposition DeirEzzor24 avance, lui, le nombre de 200 morts côté régime, dont des hauts gradés.
Pris de court, Damas a envoyé des renforts, dont des miliciens du Hezbollah libanais. Les avions russes et syriens frappent sans cesse les positions de l’EI, plus de trente fois durant la seule journée de jeudi. Les jihadistes brûlent pneus et pétrole pour tenter de se camoufler.
Des centaines de jihadistes mobilisés
Cette offensive de l’EI est la plus importante depuis que l’organisation jihadiste a pris le contrôle de la majeure partie de la province de Deir el-Zor à l’été 2014. Elle mobilise des centaines d’hommes, certains venus de Raqqa, le cœur du califat autoproclamé. Ils tentent de chasser les soldats syriens de la dernière poche qu’ils contrôlent encore, dans la partie ouest de la ville.
Ils ont profité de l’affaiblissement des défenses loyalistes ces trois derniers mois. Le régime et ses alliés ont alors focalisé leurs forces à Alep, dans le nord de la Syrie, où ils ont fini par reprendre les quartiers rebelles. Déjà, à la mi-décembre, l’EI s’était emparé à nouveau de Palmyre, mal protégée, neuf mois après avoir été chassé de la cité historique. Les jihadistes en ont profité pour récupérer des stocks de munitions et des véhicules de l’armée syrienne. Ils ont ensuite lancé l’offensive de Deir el-Zor.
Plus de 200 000 habitants ont fui
Environ 80 000 civils vivent encore dans l'enclave contrôlée par le régime, où ils sont assiégés depuis deux ans par Daech. «Si l'EI s'empare de quartiers encore aux mains des forces gouvernementales, il y aura un massacre», a déclaré Omar Abou Leila, un militant local. Leur situation est d'autant plus critique que l'ONU vient d'annoncer que le largage d'aide humanitaire était suspendu à cause des combats. Des adolescents auraient en outre été enrôlés de force dans l'armée syrienne ces derniers jours et des habitants envoyés sur les lignes de front, selon des opposants.
Les conditions de vie des civils assiégés n’ont cessé de se détériorer ces deux dernières années. Les prix des produits de base ont explosé, devenant inaccessibles pour une majorité. Les rackets par des soldats ou des miliciens sont courants, tout comme le détournement de l’aide humanitaire par des loyalistes. Plus de 200 000 habitants ont préféré s’enfuir depuis le début du siège, soit par la route en achetant des laissez-passer à des officiers de l’armée syrienne, soit en payant plusieurs milliers de dollars pour être transporté dans un hélicoptère militaire. Deux possibilités exclues depuis le début de l’offensive de l’EI.