Les ressortissants binationaux possédant la nationalité d'un des sept pays concernés par le «Muslim Ban» de Donald Trump (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) pourront finalement se rendre aux Etats-Unis sans restrictions, s'ils sont titulaires d'un visa valide sur leur passeport émis par un gouvernement non ciblé par la mesure, selon une information obtenue par Libération auprès du ministère des Affaires étrangères.
Le décret, qui interdisait l’entrée sur le territoire américain à tous les réfugiés pour 4 mois et aux ressortissants de ces 7 pays pour 90 jours, s'est d'abord vu adjoindre des exemptions pour les binationaux canadiens et britanniques avant que l'Australie, la France, le Danemark et la Suisse indiquent mardi être parvenus à un accord similaire avec l’administration américaine. Dans la soirée, les officiels américains ont fini par indiquer que ce régime d'exemption serait finalement valable pour tous les ressortissants binationaux, selon cette même source diplomatique.
«Il s’agit vraiment d’un critère «passeport», précise la source au sein du Quai d’Orsay. Ceux qui auront obtenu un visa sur leur autre passeport devront en demander un nouveau via leur passeport français afin de pouvoir se rendre aux Etats-Unis.»
«Bon sens»
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait d'abord mollement réagi samedi, se contentant de juger que la décision de Donald Trump «ne (pouvait) que nous inquiéter». Avant de dénoncer mardi depuis l'Iran, l'un des pays concernés, une mesure «préoccupante et dangereuse» que le «bon sens» voudrait voir complètement abrogée.
Aux Etats-Unis, le «Muslim Ban» déchaîne les passions. Après un week-end d'actions en justice visant à libérer les voyageurs retenus à l'arrivée de leur vol et de manifestations dans les aéroports américains, l'ex-président Barack Obama est sorti de son silence. Il s'est félicité, par la voix de son porte-parole, «du niveau de mobilisation» dans le pays. «Le président (Obama) est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion», a poursuivi le porte-parole.
La veille, la ministre de la Justice par intérim justement désignée par Obama pour la transition, Sally Yates, avait été congédiée par le nouveau président après avoir ordonné aux procureurs de ne pas défendre le texte.