Menu
Libération

Les binationaux français vont pouvoir contourner le «muslim ban» de Trump

publié le 31 janvier 2017 à 20h06

Les ressortissants français binationaux possédant la nationalité d'un des sept pays concernés par le «muslim ban» de Donald Trump (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) pourront finalement se rendre aux Etats-Unis sans restrictions, s'ils sont titulaires d'un visa valide sur leur passeport français, selon une information obtenue par Libération auprès du ministère des Affaires étrangères. Le décret, qui interdit l'entrée sur le territoire américain à tous les réfugiés pour quatre mois et aux ressortissants de ces sept pays pour quatre-vingt-dix jours, s'était déjà vu adjoindre des exemptions pour les binationaux canadiens, britanniques et australiens. En même temps que la France, le Danemark et la Suisse semblent être parvenus à un accord similaire. Ce régime d'exemption a été obtenu au terme de discussions bilatérales avec l'administration américaine. Des échanges ont également eu lieu au niveau européen, mais n'avaient pas abouti mardi soir. Paris a salué un «développement positif pour nos compatriotes».

«Il s'agit vraiment d'un critère "passeport", précise -t-on au Quai d'Orsay. Ceux qui auront obtenu un visa sur leur autre passeport devront en demander un nouveau via leur passeport français afin de pouvoir se rendre aux Etats-Unis.» Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait d'abord mollement réagi samedi, se contentant de juger que la décision de Donald Trump «ne [pouvait] que nous inquiéter». Avant de dénoncer mardi depuis l'Iran, l'un des pays concernés, une mesure «préoccupante et dangereuse» que le «bon sens» voudrait voir complètement abrogée.

Aux Etats-Unis, le «muslim ban» déchaîne les passions. Après un week-end d'actions en justice visant à libérer les voyageurs retenus à l'arrivée de leur vol et de manifestations dans les aéroports américains, l'ex-président Barack Obama est sorti de son silence. Il s'est félicité, par la voix de son porte-parole, «du niveau de mobilisation» dans le pays. «Le président [Obama] est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion», a poursuivi le porte-parole.

La veille, la ministre de la Justice par intérim, que Trump avait désignée pour la transition, Sally Yates, a été congédiée par le Président pour avoir ordonné aux procureurs de ne pas défendre le texte. Une posture de plus pour Trump, qui en pratique a commencé d’assouplir le champ d’application de son décret.