Le 45e président américain, le plus «fast and furious» jamais porté au pouvoir, est une antithèse de la science. Il ne doute jamais. Il ne raisonne guère, il pulse et impulse. Il rêve d'un pays bunker, d'une société fermée, d'une connaissance muselée, d'actions fondées sur des faits distordus. La science postule et prône l'inverse. Elle se base sur des observations objectives, vérifiables, des raisonnements rigoureux, des recherches non dogmatiques et reproductibles. Universaliste, «la science n'a pas de patrie», disait Pasteur. Dans sa quête de repli nationaliste et autoritaire, Trump entend donc museler, avec la presse, cette opposition de raison.
Il a porté à la tête de l’Agence de l’environnement, qu’il rêve d’euthanasier, un climatosceptique, marionnette avérée des lobbys de l’extraction fossile. Bombardé à l’Energie un autre négationniste du changement climatique qui, en 2012, voulait démanteler ce même ministère. Il a demandé au patron de la première firme pétrolière au monde de gérer le nouveau désordre mondial, un homme qui refuse de s’engager à limiter le réchauffement climatique à 2°C au-dessus des niveaux de l’ère préindustrielle. Et choisi un vice-président qui, au début du millénaire, jurait que fumer ne tue pas. Il veut caser un neurochirurgien créationniste au Logement. Et à l’Education une catho réac et incompétente, qui milite pour le port d’armes à l’école afin de repousser les… grizzlis, et promet de doper les établissements privés.
Impétueux et irrationnel, Trump président n'est que le prolongement du candidat qui s'affranchit du réel et occulte les sciences. Il a tweeté contre les politiques de vaccination qui rendraient des enfants autistes. Pesté contre la régulation destinée à protéger la couche d'ozone qui compromettrait la qualité de son spray coiffant. Dans son discours d'investiture démocrate, Hillary Clinton l'avait rappelé : «Je crois à la science.» Trump, lui, ne croit qu'en sa science. Les chercheurs s'alarment de l'arrivée de la Trump Inc. à la Maison Blanche. Ils ont raison. Leurs réactions montrent que la première puissance mondiale ne peut se résigner à être pilotée par un obscurantiste.