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Libération
Éditorial

Réfugiés : la Grèce mérite d’être érigée en exemple

publié le 20 février 2017 à 20h16

Qu'on se le dise, il existe des leaders politiques courageux qui savent résister aux sirènes de la xénophobie dans cette Europe devenue si frileuse. Mais, curieusement, on entend plus souvent ces voix bienveillantes dans les pays pauvres du sud de l'Europe que dans ceux plus prospères du nord. Ce sont les voix des manifestants descendus dans les rues de Barcelone en faveur des réfugiés ce week-end. Ou encore les paroles fortes prononcées dimanche par Prokopis Pavlopoulos, président d'un pays régulièrement stigmatisé par Bruxelles : la Grèce. Dimanche, le chef d'Etat grec (qui ne gouverne pas mais joue un rôle important) s'adressait à des enfants réfugiés, pour la plupart venus de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan : «Vous êtes une part de nous-mêmes, leur a-t-il déclaré, et vous resterez ici chez nous, jusqu'à ce que s'achève le cauchemar de la guerre.» La scène se déroulait à Chaïdari, banlieue périphérique d'Athènes où a été installé un centre pour ces réfugiés coincés en Grèce, non pas par choix, mais parce que les pays européens ont décidé, au printemps 2016, de fermer leurs frontières, transformant un pays membre en cul-de-sac pour les damnés de la terre. Il se trouve aussi que le discours présidentiel a été prononcé à la veille d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, lundi, exigeant de nouvelles mesures d'austérité dans un pays déjà exsangue, car ruiné par sept ans d'austérité implacable. Dans ces conditions, l'attitude de la Grèce face aux réfugiés, incarnée par les paroles de son président, n'en est que plus exemplaire alors que la générosité d'Angela Merkel a fait long feu, que les députés britanniques ont limité l'accueil des enfants réfugiés, et que la France s'interroge encore sur l'impact de la colonisation comme sur la façon de qualifier des violences policières visant quasi systématiquement de jeunes immigrés. Il n'y aurait donc pas de logique fatale ? Il serait possible de parler des réfugiés avec humanité, sans provoquer une poussée des populismes xénophobes ? Les paroles du président grec, comme les manifestations de Barcelone, nous rappellent que l'exemplarité vient parfois de pays mis à l'index par les experts-comptables d'une Europe qui préfère les calculettes au respect de ses valeurs fondatrices.

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