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Libération

Assassinat de Kim Jong-nam : le profil de la «LOL Killer» se précise

publié le 23 février 2017 à 20h06

«LOL», comme «laughing out loud», rire très fort. C'est habillée d'un sweat blanc arborant ces trois lettres noires ironiques qu'une jeune femme a surgi derrière un passager de l'aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie) le 13 février, et a semblé appliquer quelque chose sur le visage de Kim Jong-nam, avant de s'éloigner avec une complice. Quelques minutes plus tard, le demi-frère du leader de Corée du Nord, Kim Jong-un, se plaignait d'avoir été agressé auprès de la police de l'aéroport, avant de s'écrouler au dispensaire et de mourir sur le chemin de l'hôpital. Arrêtées, les deux suspectes déclaraient aux enquêteurs avoir cru «participer à une caméra cachée».

Dix jours après cet assassinat présumé, la police malaisienne commence a révéler quelques informations sur celle que la presse asiatique a surnommée la «LOL Killer» (la tueuse LOL), dont l’image a été enregistrée par les caméras de surveillance. Il s’agit d’une Vietnamienne de 28 ans, arrivée quelques jours plus tôt en Malaisie. Selon son frère, interrogé par Reuters, la jeune Doan Thi Huong avait quitté à 18 ans la maison familiale et les rizières où travaille sa famille à Nam Dinh, dans le nord du Vietnam. Ils la voyaient peu depuis, et pensaient qu’elle vivait à Hanoï. Ils l’ont néanmoins identifiée sur deux comptes Facebook.

Sur l'un, sous le nom de «Ruby Ruby», elle a posté quatre jours avant le meurtre un selfie en salopette en jean avec le fameux sweat, et des images de glaces et de nounours depuis Kampong Besut, en Malaisie. Selon la police malaisienne, elle travaillait pour un «lieu de divertissement», sans que l'on en sache plus. Elle a déclaré aux enquêteurs avoir accepté une somme de 100 dollars de la part de quatre hommes, croyant participer à une téléréalité. Doan Thi Huong a effectivement déjà participé à une émission de ce genre, où elle avait dû embrasser un garçon. En plus de poster des selfies, la jeune femme a photographié sa carte d'embarquement pour la Malaisie le 3 janvier, avait passé les auditions de l'émission Vietnam Idol en 2016, sans passer le premier tour. Ce qui trouble la presse sud-coréenne, c'est que sur 65 «amis Facebook», 27 ont des noms coréens, et que certains de ses messages sont écrits dans un coréen hésitant, dont l'un dit «je t'aime, tu me manques».

De bien maigres indices dans un dossier qui reste très opaque. Pyongyang est soupçonné d'avoir commandité le meurtre du fils aîné de l'ancien dirigeant Kim Jong-il, très critique du régime de son demi-frère. Kim Jong-nam vivait en exil depuis plus de dix ans, et avait déjà été l'objet de tentatives d'assassinat. Mais rien ne vient pour l'instant appuyer cette hypothèse avancée par Séoul. Une chose est sûre: Pyongyang ne coopère absolument pas à l'enquête, et accuse même Kuala Lumpur d'être responsable du décès et de comploter avec la Corée du Sud. L.D. Photo DR